La lumière des sentiments

carole-amette

Du thème les couleurs, et partie de mon regard critique et sombre je suis arrivée à une belle rencontre dans le métro parisien qui a magnifié ma journée

 «La lumière des sentiments»

 

Comme à l'habitude, je me rendais au travail en ce matin grisâtre,  je m'apprêtais à prendre la ligne treize à la gare Montparnasse Bienvenue. J'essayais d'atteindre ce large couloir où tous les destins se croisent et rarement s'arrêtent, tant le flux de personnes est important, venant de droite, de gauche, parfois de derrière, une trottinette surgissant de nulle part en slalomant on ne sait comment. Sans jamais poser son regard sur autrui mais plutôt plongé dans ses propres pensées, ses horaires ou le contenu de sa journée qui sait vraiment ? L'autre est un inconnu que de toute façon on ne regarde même pas,  qui nous est indifférent, voire qui nous échappe.

J'arrivais tant bien que mal sur le quai où je montais dans le métro, cet endroit  si anonyme où la promiscuité prend tout son sens. Me voilà enfin assise dans cet étroit carré où trois sièges sont faces à trois autres et si vous ne lisez pas, vous écoutez volontiers baladeurs dans les oreilles votre musique préférée. Pourquoi poser votre regard sur quelqu'un ? Quel pourrait en être le motif ? Quel pourrait donc être cette chose, cette raison de s'intéresser à un pur anonyme dans cette foule ? Oui, mais tandis que les autres gardent leurs petits jardins secrets parfois pouvant les faire sourire ou rire s'ils sont plusieurs, moi j'aimais à regarder les autres, leur langage corporel lorsqu'ils cherchent leur chemin en scrutant le bandeau d'affichage avec toutes les stations pour ne pas oublier de descendre, ou de changer si ce sont des touristes. J'aimais les renseigner, engager la conversation si quelque chose m'intrigue, à découvrir, à apprendre tout le temps d'autrui y compris pendant ce trajet plutôt ennuyant, fatigant et souvent triste. Seuls ces anonymes pouvaient me rendre le trajet plus court tout en m'intéressant. C'était peut-être là, ma façon très personnelle de partager avec autrui malgré cet environnement médiocre, sale voire hostile tant l'être humain est égoïste.

Me voici mon regard posée sur elle, une femme en apparence ordinaire, bien habillée mais sans fioriture ni artifice, seul un châle tombant sur ses épaules et s'enroulant autour de son cou laissant sa longue chevelure brune me dévoiler sa personnalité, angélique et bienveillante. J'étais rassurée par ce sentiment qui m'envahissait et par son regard à la fois évocateur, serein et mystérieux. Alors qu'elle se mit à parler avec un homme situé en face d'elle, dans une langue que j'écoutais, bien que totalement étrangère, j'essayais sans doute de deviner ce qu'ils pouvaient échanger entre eux avec l'intonation de leur voix mais rien ne laisser transparaître.

 Je me décidais donc à ouvrir la conversation avec elle avant qu'il ne soit trop tard et qu'elle descende du métro. Elle parlait en fait très bien français donc ce ne fût pas difficile. J'imaginais une personne travaillant dans le milieu social d'aide aux étrangers immigrés, une association ou encore une ONG car elle semblait lui traduire tout ce que je lui disais. Je ne pouvais pas m'imaginais seule dans un pays où je ne comprendrais pas la langue, d'où mon ressenti d'apaisement je suppose envers elle.  Je lui demandais sans être trop indiscrète qui pouvait être cette personne en face d'elle avec qui elle échangeait et semblait tout aussi heureuse, je supposais qu'il pouvait s'agir d'un membre de sa famille, peut-être un frère, tant leur proximité rayonnait d'espérance et déjà d'aboutissement tant ce jour avait dû être attendu.

 Lui n'était pas habillé comme les gens que l'on croise habituellement se rendant à cette heure matinale au travail ou en rendez-vous, il était habillé simplement, d'un haut et d'un pantalon passe partout peut-être gris, ou taupe mais sans véritable couleur, une couleur venue d'ailleurs cependant je remarquais que ces vêtements semblaient propre. Il n'était pas rasé et portait une barbe d'un ou deux jours tout au plus.Tout semblait me faire penser qu'il venait d'arriver en France, il semblait content et s'en remettre à elle avec une certaine décontraction. Juste avant de descendre à la station Mirosmesnil, ils allaient se fiancer me confia-t-elle. Je lui disalors qu'elle m'inspirait et que j'allais écrire une nouvelle sur ce très court voyage où mon imagination avait semble-t-il décuplée. Elle me dit au revoir avec ses lèvres à peine teintée de rouge poudrée et le bonheur si pénétrant qu'elle transportait avec elle. Son bonheur c'était son futur mariage avec l'homme de sa vie, un sentiment si profond qu'aucune couleur ne pourrait décrire, pas même un arc en ciel. Il venait du Kazakhstan ……ce pays où les droits de l'homme pourraient-être simplement lumineux et blancs telle une colombe s'envolant vers une nouvelle vie.

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