La magie de la peur.
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Le chemin est sombre, il fait nuit. Je ne sais pas ce que je fais ici, mes pensées sont embrouillées et mon corps avance tout seul. Le chemin est long, je le sais alors que je n'ai fait que deux pas. Je sens une fatigue inexistante m'envahir alors que j'essaie de courir, mes jambes sont brusquement alourdies, je marche à grandes enjambées comme si j'avais du plomb dans les chevilles. Je vois une maison face à moi, et une peur étrange me gagne quand je comprends qu'elle sort de nulle part.
J'ouvre sa porte qui grince, je sais pourtant que je ne le devrais pas, je sais que je devrais juste faire demi-tour et rentrer chez moi. Mais où vis-je ?
Brusquement, j'entre dans cette maison qui me parait maintenant avoir doublée de taille et de volume. Je dois aller chercher mon frère ! Il est coincé quelque part ici ! Comment puis-je le savoir ? Comment cette information m'est-elle venue à l'esprit ? Je n'ai pas le souvenir d'avoir fait un pas, que je me retrouve sur un escalier d'extérieur, un vertige soudain quand mon corps se dirige tout seul vers le vide. Je me rattrape à un carreau de fenêtre qui vient mystérieusement d'apparaître, et empêche cette gravité espiègle de me faire tomber. Moqueur, mon point d'appui s'effrite en de petites paillettes, mais ressemble à une bouillie qui me colle aux doigts. Il y a encore un changement de décor, alors que je chutais, je reviens miraculeusement à cet escalier. Mais cette fois en ayant gagné près de trois étages.
Je veux soupirer de soulagement, mais mon souffle se bloque dans ma trachée : dans un coin sombre, un homme me regarde. Ce n'est pas mon frère. Et une pensée folle m'attriste dans ce cauchemar : je n'ai pas de frère.
Je sais que si je reste immobile, il ne me verra pas. Je sais également que si je ne fais ne serait-ce qu'un mouvement, il se mettra à me courir après. Là, et seulement la, je me rends compte que je rêve, et qu'il me faut juste me réveiller de ce cauchemar, parce que je suis fatiguée. Alors, silencieusement, je plisse des yeux, je les ferme aussi fort que quand le vent ramenait des saletés vers mon visage. Je rabat mes paupières, je suis dans mon lit, le cœur qui bat aussi vite que mes souvenirs s'éteignent.
Non. Non. Non !
L'homme est toujours là, pendu à ma fenêtre. Je cris de terreur, il rit et disparait. J'ai envie de pleurer : j'ai juste rêvé que je me réveillais. Alors je me vois en train de courir encore, et lui, il est si rapide que ça en est impossible. Alors que je gagne doucement une serre, il a déjà fait le tour de la maison en utilisant absolument tous les escaliers, pourtant il ne m'a pas encore trouvée. Dans la serre, je cherche une cachette, je ne peux plus courir, j'ai l'impression que mes jambes ne font que fondre sous mon corps.
Je me cache sous une haie, et ferme les yeux, je respire doucement, mais je sais que mon cœur bat et trahi mon silence. La porte de la serre s'ouvre, je souris, il fait trop noir pour qu'il me voit. Mon sourire se crispe, il braque une lampe troche dans ma direction. Je cesse de respirer, je me dis que finalement, s'il me voit, j'aurais encore le temps de courir. Mais non, la haie contient un grillage et mon pied droit se retrouve coincé en dessous, d'ailleurs cette stupide haie n'arrête pas de tanguer d'avant en arrière, j'essaie en vain de la stabiliser mais son grillage fait naître des grincements qui alertent l'homme.
Il court vers moi, m'attrape le poignet et me tire. Comme par hasard, le grillage me libère sans ma moindre égratignure. Il lève sa lampe pour l'abattre sur ma tête. Je hurle, puis j'ai l'impression de tomber.
Je me réveille...
Cette nuit là, mon rêve était séparé en deux parties différentes, mais l'autre était tellement confuse que je ne peux plus rien détailler.
Je me souviens juste que nous contournions un bassin, moi et mes amis. Je me souviens que l'un d'eux est tombé à l'intérieur, et qu'il n'en est jamais sorti : c'était un bassin électrique.