La main

Gabrielle Prévost

A Nadia Wicker

Je sentis de nouveau le tendre élan de ses doigts sur mon visage, et je m'envahis d'une saugrenue inclination. Elle avait la main calme et convaincue, trop consciente peut-être; et je me ravissais à la deviner et tout discerner d'elle. Elle n'était ni froide, ni dure et de ses manières, et ses poèmes abolissaient les querelles et controverses de mes joues, et mon front. Elle était longue, et ce pâle fuseau aux doigts élancés et aux ongles tantôt fins tantôt courbes rêvait sur ma chair et mes paupières closes les esquisses d'un tableau. Elle inventait les murmures des traits, du bout de ses doigts, et j'humais. Je compris, je me souvins ces errances d'inspiré, la perception très vague du moins fort vraisemblable du bonheur.

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