la main de l'autre
Rodolphe Gayrard
LA MAIN DE L’AUTRE
Laissez-moi vous raconter une histoire extraordinaire... L’histoire extraordinaire d’un type banal, vous ou moi... Un de mes amis qui le connaissait, tenait absolument à me le présenter. A l’époque il était devenu un phénomène que tous s’empressaient de voir. Chacun se faisait un devoir de rendre visite à cet homme... Pour raconter son histoire dans les dîners, aux demoiselles effarouchées. Une curiosité digne des histoires de E.A. Poe.
Nous l’avions rencontré chez lui, dans une cabane de bois, plantée au bord d’un étang. Un de ces endroits si pittoresques où l’on vit comme un Robinson, au milieu des filets de pêcheurs, des odeurs changeantes de l’étang et des chats. Il se terrait là, retiré du monde propre où il n’avait plus sa place. C’était comme rendre visite à vieux chaman, prisonnier de ses pouvoirs qu’il ne contrôlait plus. Il racontait son histoire à tous. Car, disait-il, ça peut aussi nous arriver !
Autrefois, sa vie était aussi lisse que la peau d’un œuf. Il travaillait dans un bureau à des choses inutiles. Il vivait avec une femme, dont il ne se souvenait pas les traits, et élevait un enfant qui devait être le sien. Cette vie paisible n’était ni réglée, ni livrée à l’impromptu. Il glissait sur les courants comme une feuille détachée de sa branche...Quelques fois le flot devenait tumultueux puis se calmait, mais lui restait toujours à fleur de l’eau, loin des rives...
* * *
Un matin, après une nuit pareille à toutes les autres, cette vie d’huile se figea. Rien ne serait plus jamais comme maintenant...Ses rêves s’étaient endormis et aucun ne l’avait prévenu. Le réveil entonna son hymne au lever du soleil, et sa femme le poussa hors du lit, dans une caresse ponctuelle.
C’est dans la salle de bain qu’il découvrit sa nouvelle condition. Pendant qu’il examinait dans la glace son visage gonflé, sa main droite s’était saisie du tube de dentifrice, avait dévissé le bouchon, couché la pâte sur la brosse à dent et revissé le tube...L’autre main massait mollement sa joue sableuse, étirait ses paupières flasques et mettait de l’ordre à ses sourcils...Lorsque la brosse à dent toucha ses lèvres et y déposa du dentifrice, il eut un léger recul de la tête. Il avisa la brosse à dent et s’amusa de cette facilité matinale, lui qui était plutôt pataud et surtout gaucher. Il avait, de sa main droite, accompli un petit prodige. C’est inouï ce qu’on peut faire parfois !
Il se brossa les dents à gauche, tout de même... vieille fidélité ! Il souriait tout de même de cette étrangeté... Il pensa que c’était bon signe et cela le mit de bonne humeur. L’idée même qu’il était devenu ambidextre dans la nuit lui traversa l’esprit...Il voulut en faire part à sa femme, mais celle-ci dormait à poings fermés...L’heure était plutôt matinale et l'événement moins important qu’une bonne météo.
Il décida alors de se livrer à une petite expérience, plus que conséquemment funeste...On ne tire pas le diable par la queue quand il joue au dés. Il prépara sa mousse à raser, changea la lame de son rasoir et le plaça dans sa main droite. Celle-ci d’ordinaire si maladroite allait passer l’examen des examens. Par jeu, sans trop y croire, pour voir !
Tant pis si ses joues en resteraient tailladées. Sa main se porta vers sa tempe gauche et le rasoir se plaquait à la peau. Il assista à l’opération plus qu’il ne la dirigea. Le rasoir coupait chaque poil comme s’il constituait la barbe à lui tout seul. Glissant sur sa peau aussi fidèlement que l’eau sur la soie du galet. Les abords des narines, le canal qui va du nez à la bouche, le creux du menton et le cou furent explorés avec une précision dont seule la nature dans ses créations est capable. Aucune crispation de la peau, aucun tiraillement ne le fit grimacer. On lui ferait même des compliments aujourd’hui sur son rasage...Plus un nuage de mousse ne venait assombrir son visage parfaitement lisse.
Tout cela n’avait pris que quelques secondes. Il eut un cri de stupeur. Il venait d’accomplir un second prodige devant ses yeux et semblait l’acclamer comme un exploit sportif. Il commençait à s’emballer et voulut se soumettre à d’autres épreuves. Il fonça à la cuisine et prépara le café. Cette fois, avec sa seule main droite, et en fermant les yeux. Non seulement il fit le café sans en verser la moindre goutte, ou le moindre grain de poudre, mais prépara aussi des tartines. Beurrées à la perfection, comme il les aimait, grasses et uniformes. Vint l’épreuve de la confiture. Le couteau en sortit vierge. Les doigts de sa main étaient propres de toute graisse et de tout sucre.
Cela semblait incroyable, pourtant tous ces petits prodiges domestiques étaient bien réels. D’ordinaire seul une grande maîtrise et le temps permettent à certains de se démarquer dans les petits déjeuner.
* * *
Mais c’était un homme consciencieux et il était l’heure d’aller au travail...Cette soudaine habileté lui avait fait gagner de nombreuses minutes et il aurait le temps de flâner sur le chemin. Après son déjeuner, il sortit de chez lui, presque heureux...Avec le même genre de fierté que celui qui étrenne un nouveau costume, ou des chaussures enfin à sa taille...Un sentiment de plénitude, de contrôle absolu gonflait sa poitrine. Cette nouvelle fantaisie de la nature lui procurait une immense joie et une irrépressible envie de jouer.
Il commença par la serrure de la porte.
Pour un gaucher qui se réveille, fermer la porte à clé de la main droite est une brutalité. On frise la contrariété. Cependant, la clé glissa dans la serrure comme dans du beurre. Seul un silence soyeux de métal soumis s’échappa du trou. Cet objet d’ordinaire si revêche semblait s’habiller de chair et d’esprit. Ce matin là, la serrure était de bonne humeur, elle aussi.
Décidément cette main droite dominait tout ce qu’elle touchait. Sur le chemin, il pensait en souriant à sa main gauche, qui serait peut-être jalouse. Elle qui depuis toujours avait l’exclusivité des gestes délicats. Elle qu’il protégeait de toutes blessures, comme s’il n’en avait qu’une...
Me voilà avec deux mains gauches ! pensa-t-il, fier de son mot !
Il s’étonnait tout de même de ce changement. On ne devient pas adroit comme cela du jour au lendemain...Même un dyslexique léger, sévèrement gaucher qui ne peut que s’améliorer, ne le peut de cette façon. Et certainement pas de la main droite.
Mais un plaisir diffus, mêlé de curiosité et de fierté effaça toutes ces questions. Il s'aperçut à ce moment là, qu’il faisait voler une pièce de monnaie, qui retombait toujours sur la même face dans la paume de sa main. Seul son œil le remarqua, son esprit l’ignorait.
La rondelle de nickel tournoyait en l’air, selon un calcul de force savant qui lui donnait le nombre de tours exact. La pièce chantait ses reflets d’argent d’une voix de cristal et retombait mollement dans le gras de sa main ouverte.
Une chose le troubla. Ce n’était pas lui qui décidait de cela, il ne contrôlait pas ce geste...A tel point que lorsqu’il voulut changer de face, il lui sembla lutter pensée à pensée contre quelqu’un.
La pièce retomba sur la tranche et les doigts se refermèrent dessus. Il eut une sensation désagréable, comme une ombre au tableau...Jusque là, le doute, les questions, ne tenaient pas face à sa joie. Une idée saugrenue lui vint...Et si sa main pensait. Si cette main avait un esprit, capable de réfléchir, apprécier des distances, calculer des forces, ajuster des mouvements et coordonner l’ensemble. Si cette main…
Non ! C’était idiot, de la science-fiction. Allons donc !
Il balaya ses fantasmes et reprit le chemin...Pour la première fois depuis le matin il pensa à son travail et à sa journée...De temps en temps, il jetait un coup d'œil à sa main. Comme on surveille son chien, qui marche à nos cotés, sans laisse. Sa main semblait calme et se balançait comme l’autre d’avant en arrière. Il en fut presque rassuré. Après tout cela n’était peut-être que le produit de l’imagination, tout allait reprendre sa place. Déjà ses bras imprimaient le mouvement d’horloge de la marche.
* * *
Le temps gagné le matin était rattrapé et il était maintenant en retard. Il accéléra. Les gens accéléraient aussi, tous en retard désormais. C’était l’heure du jour qui commence. La flânerie du matin frais se désagrégeait. Les tailleurs et les costumes semblaient voler dans l’air, les cravates prenaient des allures d’étendards. Tout sentait le bureau.
Il remarqua dans sa brume, devant lui, un tailleur rouge, particulièrement pressé. A l’intérieur du tailleur, une jeune femme brune se hâtait vers le bureau. Elle était sûrement belle. Elle était déjà élégante.
Il accéléra machinalement pour se rendre à sa hauteur. Certains appétits sont de tailles à faire oublier le reste. Sa main droite se tenait tranquille et il commençait à oublier. Un parfum puissant s’échappait des flancs de la jeune femme, et montait en volutes odorantes dans son sillage. Lorsqu’il fut presque à cotés il remarqua d’abord son nez. Pointu et sûr de lui. Il vit ses mâchoires puis sa bouche. Ouverte, pour laisser passer l’air. En dernier il vit ses yeux. Il accéléra encore pour passer devant et la découvrir dans son ensemble.
Au moment où leurs pas s’étaient accordés, sa main droite se tendit et claqua les fesses de la jeune femme. Dans un son arrogant, nerveux. Tous deux lancés dans leur course prirent quelques mètres pour s’arrêter. Immédiatement, elle se retourna vers lui et le considéra avec un mépris à faire fondre l’acier de honte.
-« Hé bien, papa, c’est l’air frais du matin qui te donne des fourmis ! » Elle disparut aussitôt. Il restait là, incapable de prononcer le moindre mot. Il regardait sa main, et semblait lui demander Pourquoi ? Le tailleur rouge n’était plus qu’un point sur le trottoir. Il regardait toujours sa main et frissonna. L’air frais du matin, sans doute !
Soudain, une inquiétude immense lui étreignit la poitrine. Que se passait-il ! Pourquoi avait-il fait ça ? Etait-ce bien lui qui avait fait ça ? Il mit sa main dans sa poche, en s’aidant presque de l’autre et reprit sa route, lentement, titubant...Des histoires de son enfance lui remontèrent à la mémoire. Ainsi que des vieux films...Des idées en vrac déménageaient dans sa tête... des histoires ténébreuses où le Diable se montre familier avec certains.
* * *
Il courait presque maintenant, vers nulle part... Un immense besoin d’oxygène lui ouvrait la bouche et les narines... Soudain une idée claire éclata devant ses yeux. Le bureau ! Il faut aller au bureau... Un docteur... Ce n’est peut-être rien... Des contractions nerveuses aux effets surprenants... Quelques crampes opportunistes. Un calmant et il n’y paraîtrait plus... Ces derniers temps, il s’était trouvé agité...
Soudain, il voulût rejoindre la jeune femme... pour s’excuser ! Lui expliquer ! Dire n’importe quoi ! Que l’air frais du matin lui donnait des fourmis et que ça passait seulement en claquant les fesses des dames dans la rue...
Il s’arrêta net contre un arbre. Le temps de reprendre son souffle, calmer ses idées, voir clair. Il considéra cette main et finit par se dire qu’elle ne lui appartenait pas. C’était la main d’un autre, une main maléfique, surdouée et diabolique. Mais comment peut-on se réveiller avec une main qui ne nous appartient pas. Où était la sienne ? Il se retourna d’un bond et fonça à perdre haleine, jusqu’à chez lui. Oublié le bureau. Les choses prenaient une tournure angoissante.
Lorsqu’il arriva, il se précipita sur la porte fermée à clé. L’urgence de la situation lui ôtait toute réflexion et c’est avec sa main gauche qu’il s’obstinait sur la serrure. Sa femme finit par lui ouvrir, alertée par le vacarme.
Une tasse de café à la main, elle n’eut pas le temps de lui dire quoi que ce soit : Ton café est fameux ce matin ! ou Pourquoi es-tu revenu ? Il était déjà dans leur chambre, cherchant à quatre pattes sa main, la vrai... Celle qu’il avait perdu dans la nuit. Sa femme le rejoignit et assista au manège. Il vidait les tiroirs, les placards, toutes les boites, même les petites ne pouvant contenir une main, même en morceau... Curieusement sa main droite pendait mollement... Elle paraissait penaude, comme un malfaiteur au jour de la reconstitution du crime. Sa femme s’approcha de lui, inquiète et lui demanda ce qu’il cherchait comme ça...
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une gifle formidable s’écrasait sur sa joue, la laissant choquée... Partagé entre le besoin d’expliquer et l’envie de fuir, il choisit la fuite. Sa femme le regarda partir, cherchant dans son regard les raisons de cet affolement et de la gifle. Il disparut, sûr maintenant de ne jamais retrouver sa main. Sûr aussi que celle ci ne lui appartenait pas. Il voulut la punir et la jeta contre un mur. Une vive douleur lui rongea les os des doigts.
Cette main d’un autre le faisait souffrir... Il pensa pêle-mêle aux empreintes digitales qu’il n’avait jamais eu à relever, aux photos improbables de ses mains qui auraient pu traîner quelque part... Mais on ne photographie pas ses mains comme des bijoux...
Il eut une idée... Des gants ! Il lui suffisait d’acheter des gants en prenant modèle sur sa main gauche, pour la taille. Il y avait de fortes probabilités pour que cette main soit plus ou moins forte que la gauche. Ce serait vraiment le Diable si elles étaient de la même taille... Et si c’était le Diable ! Il se remit à courir.
* * *
Il courait comme on quitte un champs de bataille. Le dos rentré. Les dents serrées au son des balles qui sifflent. Il courut jusque chez un maroquinier, en ville. A ce moment là, plus rien n’existait. Ni son travail, ni sa femme, ni son enfant ne comptaient. Il fallait que ce cauchemar se termine. On ne peut pas vivre avec la main d’un autre... Et puis il n’en avait pas besoin, la sienne lui allait bien, autrefois... Il n’y avait à son poignet aucune cicatrice, aucune marque visible... Les lignes de la main venaient mourir sur la naissance du poignet, et le fil de la peau s’étirait jusqu’à l’avant-bras... Aucun changement n’était remarquable...Il lui fallait une preuve... Une preuve ! Pourquoi faire ! Que ferait-il si réellement cette main ne lui appartenait pas ! A qui en parler ? Qui pourrait faire quoi ?
Le marchand vit arriver un homme hors d’haleine, qui lui réclamait des gants en cuir, serrés, vite !
Il enfila le premier sur la main gauche... La taille convenait, puis il enfila le deuxième sur l’autre main... Il eut plus de difficulté... Il eut enfin la révélation qu’il souhaitait ! Cette main n’était pas la sienne...
- Vous verrez ils se feront, le cuir va se détendre, et puis vous savez les mains c’est comme les pieds... On en a toujours une plus forte que l’autre !
- Pas moi ! cracha-t-il.
Il paya les gants et se rua au dehors ! Et maintenant ? Il avait gagné un sursis, mais ça n’empêcherait ce membre étranger de se manifester à nouveau. Tout au plus, elle était dissimulée. Et après ?
Il devait la couper, s’en débarrasser... La voilà la solution. Faire disparaître cette monstruosité. Oublier. Il lui fallait se rendre à l'hôpital où il prétexterait une douleur atroce, et on la lui couperait... Et si elle repoussait, comme dans un cauchemar ? Il ne pouvait pas vivre avec cette chose au bout du bras.... Il s’assit sur un banc, à bout de nerfs et s’assoupit.... Il dormit cinq minutes !
Cinq minutes de rêves horribles où des créatures aux mille bras et autant de mains tentaient de lui voler son âme...il se réveilla en sursaut, sur son banc... Devant lui, quelques personnes le considéraient étrangement, l’air inquiet... il se demanda s’il n’avait pas parlé pendant son court sommeil... Puis il se souvenu ! La main. Qu’avait elle encore fait ? Doucement, il tourna son regard sur la droite et vit sa main droite gantée en train d’écrire.... Elle écrivait lisiblement sur une feuille de papier sortie de sa mallette.... Son cœur se mit à battre très fort ! Il pencha la tête pour lire... la main écrivait toujours.... Sur le papier, était répétée la même phrase....
La main de l’Autre. La main de l’Autre. Des dizaines de fois.... Avec un A majuscule au A de l’Autre... Il se rua sur le papier, le froissa de sa main gauche et le jeta... Il rangea son stylo, ferma sa mallette et partit... Les badauds s’écartèrent pour le laisser passer... Un rictus de dégoût sur les lèvres. La main de l’Autre... Quel Autre ! Qui était cet être, ou quoi ? Il se sentait le marionnettiste maudit d’un pantin démoniaque... Que faire ? Où aller ! Au bureau, certainement pas... Il se ferait remarquer, en saisissant la comptabilité en retard en dix minutes, ou en claquant les fesses des collègues de bureau, ou en giflant son chef de service...Non, il valait mieux prendre la journée et régler cette histoire, plutôt que de risquer le licenciement pour trouble du comportement.
* * *
Il marchait désormais au hasard des rues, la tête basse, l’esprit en vrille. Sa pensée tournait en circuit fermé... se débarrasser de cette chose ! Et le plus vite possible ! Reprendre sa vie... Demander pardon à sa femme !
Il échafauda un plan... Il allait lui-même se faire justice... Il se couperait lui-même cette chose. Une hache, il lui fallait une hache, tranchante.
Le coup serait bref, la douleur intenable et la liberté au bout... la liberté au bout du bras ! Un bras armé qui tomberait comme la justice, coupant le noeud gordien comme Alexandre... C’était décidé. Il se couperait lui-même la main. Rien, pas même la peur, ne l'en empêcherait... Pas même la douleur ! Il serait un manchot libéré !
Et ce fût fait, le jour même... Dans un garage, où traînait une vieille hache émoussée... Une hache de pompier, lourde comme celles qu'on utilise pour trancher les têtes... Dans un état de délire, où le réel se mêle au rêve, il coinça sa main dans un étau et laissa tomber la lame d'acier... Le sang, la douleur, le cri, la peur mais la liberté... Son bras libre se balançait. La main tomba dans une flaque de cambouis, et se dessécha, privée de vie… Il la considéra d’un air de triomphe, il se sentait comme sorti d’un cauchemar… Il prit son mouchoir pour bander son poignet et arrêter le sang. Il était maintenant dotée d’une seule main, la bonne, celle qui était restée fidèle… Il s’enfuit, courant pour mettre de la distance entre lui et la main de l’Autre…
Il couru longtemps. Puis, il se calma et s’effondra par terre, livide, en proie à une immense douleur… Il s’évanouit. Plus tard, il se réveilla avec la sensation qu’on l’épiait… Une silhouette se tenait devant lui, sombre…
- Qui êtes vous ? Que voulez-vous ? demanda-t-il dans une grimace de douleur…
- Vous ne devinez pas ? répondit la silhouette… Je suis l’Autre et vous m’avez coupé la main…. C’est ainsi que font les loups quand ils sont pris dans un piège… Vous êtes libre désormais. Mais sachez que rien de bien ne pourra jamais vous arriver…Vous avez laissé passer votre chance… Fuyez, exilez vous… et ne revenez jamais…
- Mais qui êtes vous vraiment ? lança-t-il dans un sanglot de rage.
- Je suis l’Autre, celui que vous auriez pu devenir, celui que nous sommes tous, celui que nous rêvons d’être, la part magique de nous-même… Cette main, que vous avez coupé, aurait envahi tout votre être de ses pouvoirs et vous seriez devenu l’Autre vous-même… Vous avez faillit, vous ne devez plus rien attendre de la vie… Vous êtes un raté que la peur d’être lui-même pousse à se mutiler… Chassez vous de la vie, de la lumière, du pouvoir…
Et l’Autre disparut.
* * *
Depuis, cet homme mutilé, vit ou survit dans un endroit isolé, et quand quelqu’un lui rend visite, il lui demande toujours : - Ne vous est-il rien arrivé d’étrange ces temps ci ? Méfiez-vous, parfois le diable se cache dans une hache !
RG14IV99