La maison aux volets bleus

marie-nat

Je défaits les valises, le sourire aux lèvres,

  Range délicatement le linge froissé

 Malmené par les heures de voyage.

J’ouvre la vieille armoire normande

Une odeur me prend, me saisit,

L’odeur si familière de l’enfance

Elle m’emporte, me transporte

Telle une vague océane.

Je sourie de nouveau, Je me sens bien.

Je descends d’un pas léger l’escalier

 La quatrième marche craque

 Toujours au même endroit…

Les enfants sont dans la cuisine

Une lumière dorée a envahit la pièce

Des framboises dans les mains,

Ils me regardent heureux,

Leur bouche lie de vin auréolée.

 Je les contemple, j’aime leur peau hâlée

Leurs joues rosies, ce teint de pêche

Ils sont à croquer…

Croquer la vie à pleine dents, toujours.

Avant qu’elle ne vous dévore à son tour.

Etre à  l’affut du moindre détail, avoir l’œil vif,

Capter la minuscule poussière qui vole dans les rayons du soleil,

Deviner la goutte d’eau qui se forme sur la feuille

Humer la terre du jardin après l’orage d’été,

Celle des pétunias après l’arrosage du soir

Ecouter un air de musique en rêvassant

Apercevoir le lézard caché dans le muret

Prendre le temps de dire je t’aime…

Dans un mouvement brusque,

Les enfants se lèvent et courent vers le jardin.

J’ouvre en grand les volets,

Besoin de faire entrer encore plus de lumière.

Dehors les murs épais recrachent la chaleur étouffante de juillet,

A l’intérieur il fait frais, l’hiver et l’automne y sont encore prisonniers.

La maison aux volets bleus,

Je vais peu à peu lui redonner vie, la libérer.

Lui faire ressentir les premiers émois

Lui parler doucement, sans la brusquer.

Une guêpe s’est posée sur la table,

Je la chasse d’un revers de main,

Je sors à mon tour

 M’allonge sur le vieux transat

Contemple les larges murs fissurés,

Le ciel bleu azur, les fleurs…

Le tuyau d’arrosage est tout craquelé

Je ferme lentement les yeux,

 J’entends des éclats de voix, des rires

Les  voisins dans leur piscine

Les bruits d’eau me rafraîchissent

Ce soir, je les inviterai à partager un apéro.

A l’ombre du figuier.

Il fera bon déguster une mauresque glacée.

Grenadine et menthe à l’eau.

Sentir l’odeur de ma peau brunit au soleil.

Une coccinelle fait de l’œil

à mes espadrilles colorées.

Petite bête à bon Dieu

« Fera-t-il beau demain ? »

Je m’endors sans attendre sa réponse.

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