La maison vide
Franck Bessieres
La maison vide
Cette fois c'est une certitude, la maison est vraiment vide
Vide de meubles, vide de vie, de sens aussi
La fenêtre dénudée laisse entrevoir sur une des branches du camélia
Un rare couple de mésanges nonnettes, au manteau gris-brun
Autrefois, la cuisine sentait bon la blanquette, les crêpes au sucre ou le café brulant
Les rires raisonnaient des chambres au garage, tout en traversant les murs du salon
La joie, l'amour et l'entraide étaient toujours au rendez-vous
Cette fois c'est une certitude, la maison est vraiment vide
Vide de meubles, vide de vie, de sens aussi
Les cyprès comme le gazon ont assurément besoin d'une petite coupe
Le chat du voisin lui, vient toujours, malgré la vieille gamelle creuse et rouillée
Au cas où, des fois que, mais non, rien, rien depuis des mois
La vie est passée par là, la mort aussi, trop tôt, bien trop tôt
Le notaire va tout acter demain, la boite aux lettres affichera un nom nouveau, pas forcément breton
Cette fois c'est une certitude, la maison est vraiment vide
Vide de meubles, vide de vie, de sens aussi
On aime à imaginer Papi et Mamie dans le jardin, à tailler rosiers et hortensias mauves bleutés
Le couple de mésanges nonnettes lui, est toujours présent
Il chante harmonieusement, il semble heureux, très uni aussi
Demain, d'autre meubles prendront place dans la maison, d'autres rires traverseront les murs du salon
C'est ainsi, le temps passe vite, trop vite, bien trop vite
Franck BESSIERES