La mélodie illusoire

ere

Nouvelle écrite en collaboration avec Fanche

Une mélodie emplissait les rues de Florence, une mélodie légère, espiègle, une mélodie de vacances. Partout dans la ville on sentait la fête, les sourires sur les visages terminaient le pittoresque du paysage. C'est dans ce meli mélo de notes, et de chants qu'il était assis, posé au milieu de tout, et de rien. Sa tête hochait au rythme des pulsations qui l'entourait, tout en fermant les yeux il caressait son instrument, un vieux saxo. La musique l'envahissait au plus profond de lui même et se faufilait dans chaque ruelle. Intrigués les florentins s'arrêtaient devant lui et tapaient joyeusement de pied en rythme. Le soleil lui même semblait les entourer de sa chaleur et de ses rayons lumineux, comme pour donner une ambiance de vacances, de désinvolture. La mélodie emplissait la ville. Partout où elle passait les gens s'arrêtaient pour écouter et reprenaient leurs tâches en fredonnant. D'un coup le temps parut ralentir, l'air se fit plus lourd, le tempo de la musique suivant les badauds. Alors qu'il ouvrait les yeux, il lâcha un dernier Fa qui mit fin a tous mouvement, tout était figé. Il sourit, il aimait ce pouvoir que lui donnait la musique, ce temps qu'il pouvait prendre pour visionner chaque visage, pourtant ici et aujourd'hui c'était différent, il reluqua chaque visages l'un après l'autre prenant un soin particulier a étudier chaque traits. Il savait pourtant que cet état ne durerait pas longtemps.
Raté, elle ne faisait pas partie de la foule d'inconnus qui déjà avec lenteur reprenait le chemin de leur destin, tandis qu'il reprenait place et refermait ses yeux. Personne ne s'était aperçut de rien. Il remit l'anche de son saxo dans sa bouche et reprit sa musique. Cependant maintenant le rythme était plus lent, plus triste, de plus en plus lourd. 
Il vit les expressions changer sur les visages. 
Puis tout à coup il éclata d'un rire hystérique et rejoua la première mélodie, celle qui était joyeuse. 
Cependant la musique ne s'infiltrait plus aussi facilement que précédemment à l'intérieur de lui, il était trop mélancolique. 
Il arrêta de jouer et alluma une cigarette. Florence reprit son visage de tous les instants, les touristes qui flânent, les gens pressés et les autres, la vie. Tandis que sa cigarette se consumait entre ses doigts, il plia ses affaire et la maigre récolte de ces quelques heures de bonheur offert au monde. Il prit le parti de se promener avant de rentrer, juste flâner, ne pas penser. 
Le monde tournait malgré lui, il aurait voulu que les gens souffrent autant que lui, il la cherchait depuis si longtemps. Quand tout à coup il se figeât, de l'autre coté, c'était elle. Elle n'avait pas changé depuis la dernière fois, il y a très longtemps. Toujours la même peau bronzée par le soleil, le même sourire éclatant, le balancement des hanches souples et élégant, comme en rythme avec une musique intérieure connue d'elle seule. 
Elle était accompagnée d'un homme qui avait les traits d'un florentin à coup sûr. Ils parlaient avec animation tout en se déplaçant comme en promenade.
Il n'entendait rien de ce qu'ils se disaient, les bruits de la rue emplissaient l'espace entre eux et lui. Il les suivis du regard, perdu, ne sachant que faire. Il n'y avait plus de musique pour qu'il se sente maître. Ses jambes tremblantes bougèrent malgré lui. Et il commença à les suivre. Elle souriait, heureuse avec cet homme a ses cotés. Dans la ville la vie avait repris son court, sans mélodie, triste, il faisait maintenant partie des badauds, tristes.
Le couple s'arrêta plusieurs fois devant des officines pour touriste, avant d'arriver vers un immeuble. Il resta indécis ne sachant que faire. Il ne pouvait tout de même pas les suivre à l'intérieur. Alors il s'assit sur le trottoir à côté de la porte et ressortis son saxo. L'instrument entra à nouveau avec ses lèvres et la mélodie emplie toute la rue. Il jouait avec passion et une vigueur telle que l'on remarquait là son désespoir. Il jouait de plus en plus fort, de plus en plus vite, ce n'étais plus la mélodie légère de tout à l'heure, c'était rauque fort et puissant, cela faisait presque peur. Les gens ne s'arrêtaient plus, ils lui lançaient simplement des regards perplexes, cherchaient sur son visage la raison de cet emportement, certains avaient même l'air apeurés. 
Deux heures plus tard la porte s'ouvrit à côté de lui, elle sortit, seule cette fois et le vit. Un éclair de surprise passa dans son regard. Elle plongea son regard dans ses yeux:
- Tu sais donc jouer la colère?
- Depuis que j'ai oublié la partition de l'amour.
- As tu essayé la tristesse avant, et le manque? Tu fais peur au passants !
- Pourquoi est tu partie? Pour lui?
- Je ne suis pas partie, j'ai juste mis un point d'orgue avant notre DC al fine, Je voulais découvrir les partition en Fa que je ne connaissais pas ses crescendo et ses decrescendo. Et ses doigts qui s'attarde sur mes mesures, ses tempo en ternaire....
- .....
- Pourquoi m'as tu cherchée?
- Je ne t'avais pas perdue...
Leurs yeux se confrontaient maintenant, il affichait un demi sourire.
Elle resta silencieuse ne sachant que dire. 
-As tu de découvert les partitions de ta vie que tu ne connaissais pas encore où es tu encore en quête ? 
-Vois tu on ne découvre jamais tout et surtout pas en une année, il y a énormément d'autres partitions, d'autres rythmes et d'autres nuances que je ne connaîtrais jamais tout simplement parce qu'il y en a beaucoup trop. Notre relation à commencé par une série de doubles croches endiablées, pour se stabiliser sur des croches simples, puis des noires, et puis en de plus en plus de blanches sont apparues, on ne savait pas comment relancer les doubles croches. Le point d'orgue c'est ce qui a fait tout basculer, il était nécessaire d'arrêter la partition momentanément pour retrouver une mélodie joyeuse et entraînante." Répondit-elle le regard au loin 
Ce fut à son tour à lui de rester silencieux, dans les phrases qu'elle venait de prononcer résonnait une sincérité troublante. Tu en es donc a la fin du soupir?
- Il est temps de cesser la partition, faire le tremplin de notre représentation, s'oublier...
- Je ne saurai donc plus que jouer le manque.
- Un jour viendra tu....je....Nous rejouerons l'amour, chacun sur notre scène.
Il avait envie de jouer mais il savait que ce n'était pas le moment, il se perdirent dans leurs regards. Elle fit volte face, doucement, en délicatesse, comme aspirée par le décor, par Florence, par les passants. Elle marcha vers un point inconnu, sa silhouette devint floue, autour d'elle tout devint flou, Florence se vaporisait. Il monta son saxo a ses lèvre, maintenant c'était le bon moment. Auteur de lui milles lumières scintillantes, il ferma les yeux.
on aurait pu le retrouver tenant son instrument comme une femme et aux première lueur il aurait senti la douceur du soleil derrière ses paupières. Il aurait pu entendre la clameur de Florence qui s'éveille au matin printanier.
Il aurait pu être ainsi mais quand il ouvrit les yeux, c'est la froideur des spots et de la scène qui le saisirent. Cette chaleur, celle de son public qui sifflait, trépignait, impatient de ses premières notes.
il reprit ses esprits et emplit ses poumons, plus pour se donner du courage, et pouvoir leur livrer son âme. Il savait dorénavant qu'avant chaque concert, il ne lui resterai tel un vainqueur, que la solitude de l'artiste.
                         Fin

Signaler ce texte