La mère à Arnaud

aile68

Petit texte sur la mort.

Les rissoles aux pruneaux c'était quand on était p'tits. On les achetait à la boucherie lors des sorties scolaires, on les préférait aux rissoles à la viande, beurk! elles n'étaient pas bien cuites. Ceux qui habitaient le quartier se souviennent encore des bons pruneaux qui fondaient dans la bouche.  Arnaud en a fait une indigestion une fois, il les a vomi dans le car, il en avait mangé plus que de raison, Arnaud c'était le fils du boucher, lui et René le fils du boulanger nous refilaient de ces bonnes choses à manger, des chips et des croissants le plus souvent, c'était bombance à la saint Jean. Un mémorable dimanche après-midi, les grands avaient fracturé la porte ou une fenêtre je ne sais pas exactement du magasin de glaces, on s'en est mis plein la lampe ce jour-là!

Aujourd'hui Arnaud n'est plus, le fils du boulanger a déménagé, il n'a pas repris le métier, trop de boulot, il travaille à l'usine et milite pour les ouvriers. Le temps passe, on change, on grandit, qu'est-ce qui a bien pu arriver à Arnaud, lui si sympa avec les autres. J'étais une fille sympa moi aussi, toujours souriante. J'étais copine avec tout le monde ou presque, y avait des clans bien sûr dans le quartier. Quand on se rencontre maintenant mon sourire est encore plus lumineux.

Il y avait beaucoup de monde à l'enterrement d'Arnaud. Ma mère se rappelle qu'un jour il transportait plein de cerises dans une cagette à l'arrière de son vélo. Paf! la cagette a basculé, les cerises! a crié ma mère. Et la mère à Arnaud qu'est-ce qu'elle a dit quand elle a découvert son fils mort?

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