LA MESURE DU DANGER
hector-ludo
LA MESURE DU DANGER
Le général en chef des armées suivi de trois autres hommes pénétra dans la salle à
manger présidentielle.
_ Bonjour, Messieurs, alors général, quelle sorte de danger extrême me valent une réunion si matinale . S’exclama le président. Asseyez-vous tous et partagez mon petit déjeuner.
_ Merci, Monsieur le Président. Nous ne voudrions pas vous couper l’appétit, mais nous sommes devant un problème excessivement préoccupant. Vous connaissez les trois scientifiques qui m’accompagnent et ils sont inquiets.
_ Ha ! Mais vous n’avez pas employé le terme « grave ». Pourquoi ?
_ C’est que l’état-major et les scientifiques que nous avons mis dans la confidence, sont partagés quant à l’évolution de la situation.
_ Vous connaissez ma position de principe dans ces cas là, envisager le pire et prendre les dispositions en conséquence.
_ Bien sûr, Monsieur le Président, l’ennui, c’est que personne ne connaît de parade à ce genre d’attaque.
Le Président se crispa soudain. Il repoussa son assiette et se leva.
_ Vous me parlez d’attaque, voilà qui est différent. Passons dans mon bureau et expliquez-moi tout dans le détail.
Ie petit groupe s’installa de part et d’autre de la petite table des conférences restreintes. Le général déposa un dossier assez mince devant lui et commença,
_ Voila, Monsieur le Président il y a huit jours, le radiotélescope millimétrique de la sierra Negra au Mexique a enregistré une émission radioélectrique anormale.
En règle générale, le radiotélescope ne capte que les émissions radioélectriques des planètes. Cette émission contenait les fréquences classiques, mais avait en plus des fréquences ordonnées inconnues. Ces fréquences ont été envoyées immédiatement à toutes les équipes capables de les définir. Tous sont arrivés rapidement à la conclusion qu’il s’agissait d’un message structuré venu de l’espace. L’importance de ce message a mobilisé toutes les énergies, et hier matin le premier déchiffrage nous est arrivé. La teneur de la traduction nous a paru tellement extraordinaire que nous avons attendu les
Résultats d’autres chercheurs. Trois laboratoires, sans contact entre eux, ont confirmé la traduction et la réalité du message qui nous a été transmis. Voilà le texte que nous avons découvert, Monsieur le Président.
Le général avait poussé le dossier vers le Président. Le silence s’installa dans la pièce.
_ Je préfère que vous me lisiez ce texte général.
Le général reprit le dossier, l’ouvrit et commença.
_ Une précision, encore, les mesures et les chiffres cités sont des déductions, traduites dans nos systèmes de mesures, donc sujettes à des erreurs d’importance.
Message type universel :
Origine du message : engin de déplacement amas groupes cellules en bulles octocirculaires 1015 X.
Date : 3ème segment temps d’Arios, 2125ème mouvement complet après première union.
Expéditeur : groupe de cellules-chefs pilotes militaire 5124 S.
Nous ne sommes plus que vingt-quatre groupes cellules, vingt et une en matériel et trois en pilotage. Les derniers survivants de notre peuple. Voila un segment de temps que nous avons quitté notre planète que nous appelons Galitene. Notre système de propulsion est basé sur la déformation de l’espace-temps. Ce qui permet à notre vitesse d’augmenter de façon exponentielle depuis notre départ. Mais elle ne dépassera pas la vitesse de la lumière. Malgré toutes nos recherches, nous n’avons jamais été capables de passer ce cap. Si nous avions trouvé, tous les groupes cellules de cet amas pourraient être sauvés. En poussant notre vitesse au maximum, nous ne gagnons qu’un peu de temps. Mais l’issue est inévitable et fatale.
La mort qui nous cherche dans l’univers file à la vitesse de la lumière de façon constante. Inéluctablement elle nous rattrapera et ce sera la fin.
Notre science nous aura exterminé à force de manipuler les bases même des éléments constituants la structure de notre monde.
Pour que vous compreniez bien le drame qui s’est joué et vous menace également à brèves échéances où que vous soyez dans l’univers, il faut que je vous explique notre mode de fonctionnement.
Notre planète est recouverte d’une surface semi-liquide de température quasi constante.
Ce liquide est gélatineux et a une épaisseur d’environ mille cinq cents kilomètres. Le cœur de la planète est constitué d’un noyau de roches dures.
Nous sommes de grosses cellules simples baignant dans cette gélatine. Des milliards de cellules indépendantes, vivant de la gélatine.
Nous portons en nous notre futur, chaque cellule développe en elle-même le germe de sa succession. Nous durons quarante-huit segments de temps, pendant cette période une ébauche de cellule commence à se développer en nous. Au terme de notre temps elle prend notre place avec toute la mémoire que nous avons emmagasinée.
L’origine de notre monde est restée un mystère. Notre système de datation se réfère à la première union de deux cellules.
Nous pouvons dire que c’est à partir de cette première union que notre conscience et notre intelligence de groupe se sont développées.
Chaque cellule a sa propre identité, intelligence et mémoire. Cette mémoire est une partie de la mémoire collective de notre peuple. À chaque fois qu’une cellule entame une réflexion, elle s’accouple aussitôt avec la cellule complémentaire pouvant lui apporter son besoin de mémoire et de réflexion supplémentaire. Ainsi de suite, jusqu'à ce que la cellule d’origine ait trouvé la réponse à sa question. Ces accouplements peuvent réunir des centaines de millions de cellules, ce sont les groupes cellules. La réponse trouvée, chaque cellule redevient indépendante et prête pour de nouveaux accouplements. Ce système de fonctionnement nous a permis de nous développer intellectuellement jusqu’à de très hauts niveaux. Les concepts les plus hardis des mathématiques et de la physique nécessitèrent prés de là moitié de la population de la planète.
Ces fabuleuses trouvailles seraient restées de simples jeux de l’esprit si nous n’avions pas eu une composition atomique particulière et la possibilité de jouer indéfiniment avec les combinaisons.
Chaque cellule est composée de 30 pour cent d’hydrogène, 20 d’oxygène, 20 de carbone et 10 d’azote. L’importance de la quantité d’atomes contenus dans chaque cellule et la faculté de les combinés ensemble dans l’ordre et dans la quantité de notre choix, nous permet de nous transformer en n’importe quel gaz, métal ou autres matériaux.
Ensuite par accouplement nous créons des produits finis, ou bien des laboratoires entiers, qui disparaissent lorsque les recherches ont abouti.
Si nous désirons reprendre ces recherches, le laboratoire est instantanément recréé avec tous les résultats anciens.
Un autre exemple est la protection de la surface de la planète. Très souvent des météorites venaient nous frapper dans la gélatine causant la disparition de nombre d’entre nous. Maintenant l’ensemble de notre communauté fabrique en un dixième de seconde un métal extrêmement résistant. Ce métal est tressé par accouplement et couvre toute la partie de la planète ou l’impact doit avoir lieu. La météorite s’écrase sans faire de dégâts.
Nos recherches scientifiques nous ont amenés à scruter ces particules extraordinaires que nous appelons photons. Il nous fallut beaucoup de temps pour arriver à fabriquer un laboratoire susceptible de les analyser malgré leur constant mouvement à la vitesse de la lumière. Mais chez nous il suffit de mobiliser de plus en plus de cellules et nous finissons toujours par arriver à nos fins. La fin en l’occurrence fut la découverte des trois quarks maintenus par la force forte par les gluons, puis, que deux des quarks possèdent une forme de mémoire inerte. Toutes les cellules furent immédiatement passionnées par l’idée de réveiller cette mémoire. Les accouplements pour cette recherche dépassèrent tout ce que nous avions fait précédemment. Nous réussîmes à réactiver les quarks. C’était extrêmement long. Seuls dix photons furent transformés.
L’idée fut émise de se servir des quarks pour explorer l’univers.
Nous n’avions, jusqu'à présent, jamais envisagé ce genre d’exploration, car nous ne pouvions quitter la gélatine trop longtemps sans risque de dessèchement.
Les photons se déplaçant à la vitesse de la lumière pouvaient se rendre dans n’importe quel endroit de l’univers relativement rapidement. La mémoire que nous leur avions donnée leur permettait de nous rapporter des renseignements sur des êtres inconnus habitants d’autres planètes.
Les premières expériences furent concluantes. Nous avons fait traverser un photon captif modifié au travers de plusieurs cellules. La comparaison entre la mémoire emmagasinée dans les quarks et la mémoire collective des cellules traversées s’avéra être identique. Nous trouvâmes la façon de marquer nos photons pour les reconnaître à leur retour ainsi qu’un astucieux système de convergence pour les capturer.
Une incertitude demeurait, les trajectoires que nous allions donner à nos dix photons.
Nous avions fait des essais avec des résultats probants, mais sur des simulations et des extrapolations de distances très courtes. Nous avions surtout confiance en nos modèles mathématiques.
Le lâcher des photons se fit le douzième segment de temps d’Arios. 2120ème mouvement complet après la première union. Nous avons pu les suivre pendant un demi-mouvement, et nous avons attendu.
Au sixième segment. 2124ème mouvement, nous avons commencé à capter leur retour.
Les laboratoires furent réactivés, les pièges mis en place. Un à un les photons voyageurs revinrent. Techniquement la réussite était totale.
C’est au moment du transfert des mémoires que tout bascula.
Dix cellules volontaires furent mises en contact avec les protons. Nous accouplâmes ces cellules avec des groupes cellules scientifiques. Au début, les informations parurent parfaitement assimilées par les groupes cellules qui commencèrent leurs travaux de déchiffrement. C’est lors de la diffusion générale de ces mémoires par accouplement que les premiers symptômes apparurent. Des réactions totalement inconnues chez nous.
Certaines cellules refusèrent de s’accoupler sous prétexte qu’elles préféraient s’occuper d’elles-mêmes et que l’envie des autres leur importait fort peu.
Le refus venait également de cellules qui ressentaient un sentiment d’inquiétude à l’approche d’une autre cellule.
D’autres cellules voulaient au contraire se joindre à des groupes cellules simplement parce que le but du groupe leur paraissait plus intéressant.
Des groupes cellules se désagrégeaient, car certains éléments ne voulaient plus participer.
Une partie des cellules décidèrent de choisir celles avec qui elles s’accoupleraient en se basant non plus sur la complémentarité, mais sur une échelle de valeurs totalement subjective. Elles commencèrent à répandre l’idée d’une différence entre les cellules, certaines plus aptes à comprendre et à décider des choix de l’ensemble.
Une cellule affirma que nous n’étions pas tous les descendants d’une seule et unique cellule mère. Que lui seul pouvait prétendre à la pureté et au savoir originel et qu’en conséquence ses réflexions avait valeur de loi générale.
Les choix divergèrent rapidement, il s’en suivit des confrontations. Ce fut le début de l’éclatement de notre monde.
Des camps fermés par des groupes cellules murs se montèrent, sélectionnant des recrues et rejetant les autres.
D’autres groupes refusèrent ces murailles et voulurent les détruire. Ils créèrent des cellules scientifiques militaires. De ces recherches sortirent les premiers groupes armes fabriqués sur notre planète.
La victoire de certains entraîna la création de nouveaux groupes armes plus puissants.
Celles-ci permirent la destruction des anciens vainqueurs. L’engrenage était sans fin, chaque victoire ou défaite entraînait la création de nouveaux groupes armes de plus en plus puissants. Pour finir, alors que plus des deux tiers des cellules avait déjà été exterminées, une cellule arme absolue fut inventée et notre planète se désintégra.
C’était il y a un segment, notre amas cellules était en surveillance depuis 35 segments et nous n’avions pas été en contact avec des cellules infectées par les protons.
Nous avions compris par des messages reçus l’implication de ces derniers dans le dérèglement général de notre planète.
À l’instant ou elle se désintégra nous comprîmes aussi que les protons modifiés étaient repartis dans l’espace, qu’ils filaient aveuglément à la vitesse de la lumière dans nous ne savions qu’elle direction.
Nous créâmes un modèle mathématique pour calculer nos chances de ne pas rencontrer un seul de ces monstres. Hélas, il ne nous reste au mieux que deux segments de temps avant d’être frappé par l’un d’eux.
Ou que vous trouviez dans l’univers, ces protons viendront tôt ou tard à votre rencontre.
Que ce message vous soit parvenu et que vous puissiez sauver vos accouplements.
Le général reposa la dernière feuille du message. Le silence régnait dans la pièce.
Le président se frotta le visage, les hommes présents sentaient une intense réflexion.
Il prit la parole en s’adressant aux scientifiques,
_ Alors, messieurs les savants, quelle est votre opinion ? Exprimez-vous de manière assez simple s'il vous plaît.
Les hommes se raclèrent la gorge, se regardèrent et l’un d’eux déclara,
_ Monsieur le président, nous sommes dans l’expectative, il y a deux interrogations en fait, d’un coté le temps qu’il faudra à ces photons pour arriver chez nous, et quelle dangerosité il représente pour notre espèce. Pour le temps nous devons considérer que d’une part l’origine du message et par suite la distance à laquelle la planète émettrice se trouve sont relativement imprécises. Nous pensons à un positionnement dans la direction de l’exo planète OGLE qui se situe à plus de vingt mille années-lumière en bordure de la Voie Lactée.
Cet avertissement nous arrive de plus loin encore. Nous ignorons également à quelle vitesse le message a voyagé.
D’après les informations que nous donnent ces gens, ils n’ont pas dépassé la vitesse de la lumière, nous devons donc considérer que le message était en deçà.
Notre estimation est, théoriquement, pour le message entre trente et cinquante ans et pour un photon filant évidemment à la vitesse de la lumière et en ligne droite, si je peux me permettre, entre vingt et quarante ans. Nous disposerions d’une marge d’environ dix ans. Maintenant, il faut prendre en compte que dans l’espace la ligne droite n’existe pas, que l’espace-temps nous réserve des surprises, que le message et les photons n’ont peut être pas pris le même chemin et qu’enfin, la différence de vitesse entre les deux était beaucoup plus restreinte. Ce qui ramènerait la marge, en n’étant des plus pessimistes, à rien.
Reste à définir la dangerosité de ces photons. Quelles informations gardent-ils dans leur mémoire ? Quel impact cela peut-il avoir sur nos cellules ? Et d’abord quelles cellules ?
Contrairement à cette planète où toutes les cellules semblent avoir été identiques, nous avons des milliers de cellules très différentes sur terre. Les cellules terriennes n’ont pas la capacité de se transformer à volonté. Par contre, le principe d’accouplement volontaire qui faisait la base du fonctionnement de ce monde peut être comparé au groupement de l’ensemble des cellules des êtres vivants ici. Nous n’avons jamais établi, non plus, si nos cellules avaient ou non une conscience propre.
Nous pourrions évoquer la possibilité de capturer les dix protons. Avec quelques années d’avance nos synchrotrons de dernière génération pourraient être mis à niveau. Mais, d’une part, nous ignorons totalement de quelle façon les attirer, le système de convergence inventé sur cette planète nous est complètement inconnu, et de combien de temps disposons-nous.
Voilà, Monsieur le Président, les grandes lignes du problème auquel nous sommes confrontés.
_ Conclusion, nous sommes impuissants ! Nous avons juste le droit d’attendre et d’espérer. S’énerva le président.
Le général se tortilla sur sa chaise, les trois savants sentant leur impuissance se tenaient coit.
Le Président se leva et commença à arpenter la pièce comme à chaque fois qu’il était confronté à un problème complexe. Le silence s’éternisait lorsque le Président frappa dans ses mains.
_ Général, relisez-moi le paragraphe du message expliquant les transformations des cellules, s'il vous plaît.
Le général reprit ses notes et lut.
À la fin de la lecture, le Président s’esclaffa,
_ Bon sang, je crois que vous avez le nez beaucoup trop dans le guidon, Messieurs. La réponse à nos interrogations et à nos craintes se trouve là.
Les quatre hommes se regardèrent étonnés, puis se reportèrent sur le Président qui reprit,
_ Reprenons le texte, ils nous disent que des cellules refusèrent de s’accoupler sous prétexte qu’elles préféraient s’occuper d’elles même. C’est de l’égoïsme qu’ils parlent.
D’autres cellules ressentaient un sentiment d’inquiétude. C’est de la peur qu’ils parlent.
Ensuite, elles voulaient intégrer un groupe plus intéressant. Là, il s’agit de l’envie. Des groupes se désagrégeaient parce que des cellules ne voulaient plus participer. C’est du sentiment d’indépendance qu’ils parlent. Elles se basent sur une échelle de valeurs subjective. C’est le sentiment de supériorité. Il y a même la base d’une doctrine religieuse quand il nous parle de la pureté et du savoir originel réservés à quelques-uns.
Les quatre hommes avaient ouvert de grands yeux au fur et à mesure du développement de l’idée du Président.
Le général osa,
_ Excusez-moi, Monsieur le Président, mais cela nous mène à quoi ?
_ Vous ne voyez vraiment pas ? Mais c’est pourtant évident, les protons envoyés sont venus sur terre. Ils ont traversé les cerveaux de nos concitoyens. Ils ont mémorisé tous nos défauts et toutes nos qualités. Ils ont ramené des sentiments inconnus à une population incapable de les gérer. Les cellules de ce monde fonctionnaient uniquement de façon mathématique si je puis dire, toute la teneur du message nous indique que les sentiments leur étaient complètement étrangers avant le retour des photons. L’introduction de sentiments dans leur mode de vie a été pire que l’arrivée d’un virus inconnu.
Ce qui veut dire, Messieurs, que, si ces photons reviennent sur terre, ils ne feront que rapporter ce que nous possédons déjà. J’en conclus que le risque n’existe pas pour notre planète.
À la fin de sa démonstration, le Président se rassit.
_ J’écoute vos objections, Messieurs.
Après quelques secondes de réflexions, l’un des savants prit la parole,
_ Il est vrai que nous n’avions pas envisagé le problème sous cet angle. Je pense que cette analyse est pertinente et que nous pouvons la prendre comme la plus sûre. Le fait que sur terre, comme l’a dit mon collègue tout à l’heure, les cellules non pas de conscience et que seul, les groupes de cellules pour reprendre l’expression de notre correspondant, c'est-à-dire, vous, moi ou l’arbre que nous voyons dehors, aient la conscience de l’unité indispensable renforce votre hypothèse. Néanmoins, je préférerais que les protons s’adressent aux groupes de cellules que nous sommes plutôt qu’à chaque cellule indépendamment. Simplement parce qu’il est toujours possible que nous n’ayons pas encore repéré la conscience chez nos cellules.
Le Président balaya l’argument d’un geste et reprit,
_ Parfait, Messieurs, puisque nous sommes d’accord, la cause est entendue. Vous restez malgré tout vigilant. Évidemment, silence radio total pour les populations. Inutile d’affoler ou de donner des arguments à tous les farfelus de la planète.
Rester seul, le Président sorti sur le balcon. L’air était doux en cette fin de matinée de juin. Les fleurs s’épanouissaient dans tout le jardin. Les oiseaux s’en donnaient à cœur joie. Après une séance de travail comme celle-ci, un petit retour à la nature procurait beaucoup de plaisir au Président.
Soudain, le soleil tamisé par les grands arbres se fit soudain plus présent. Le Président leva la tête et vit toute la ramure du grand chêne tricentenaire s’effriter lentement, puis ce furent les branches et enfin le tronc qui se transformèrent en une espèce de brouillard.
_ Mon Dieu, pensa le Président, les cellules ont une conscience.
Douze heures plus tard, la vie sur terre se résumait à un magma informe de cellules.