La meute

hieros

Dans la meute, j'ai mis l'émeute pour que tu m'aimes.

(faux) Bashung  

 

Je viens de trouver un site. Sosie.com. Des gens qui vous ressemblent vraiment ! Ils ont trouvé  moyen d'aligner un logiciel de reconnaissance faciale par webcam pour trouver son sosie partout dans le monde, j'y crois pas.

Ca ne va pas du tout. Du tout. On était parti pour en écrire un autre, de bouquin. Mais là, ça ne va pas être possible. Faut réagir. S'indigner, comme dit le grand Bon. S'indigner pour retrouver sa dignité. Un petit mot cul serré mais avec un grosse idée dans le poussif. Marre, on en marre des tièdes et des tartuffes qui nous truffent le gland à longueur de journée avec des conneries dont même les cons n'ont plus rien à foutre. Va falloir bouger tout ça. On va remettre les point sur le « i » de liberté, on va repartir du fond du court : la culture est comme une bouteille qui ne tient pas sans son cul. 

 

Raffinons. Soyons total. Creusons les secrets d'alcôve. Mais elles sont où, les alcôves en 2011 ? La chambre au fond, lignée ikebana et bougies qui sentent un truc ? C'est quoi, l'équation de valeur, comme on dit chez les formatés du sentiment ? « Je souffre donc je paie mon droit à vivre » ? Ou « je jouis donc j'égoïsme », je ne suis pas solidaire de ceux qui n'ont rien ? Mais ceux qui n'ont rien sont beaucoup moins nombreux que ceux qui ne sont rien. On en connaît tous, des gens avec qui on s'ennuie au bout d'un demi-heure et d'autres, encore plus nombreux, avec qui on n'a plus rien à dire au bout de six mois, quand on s'est tout dit de ses anecdotes d'ado, quand on a suinté les dernières gouttes du petit lac où s'assèche une libido courte manche, quand on allume la télé parce qu'au moins, ces mecs qui courent après un ballon, ils courent après quelque chose. Mais la chatte baille et s'ennuie sur le canapé…

 

Le Divin Marquis insistait : Français, encore un effort ! L'effort, on l'a jamais fait. On est resté périphérique à l'essentiel. On a tourné autour du pot, on a mis des mots sur tous les rapports humains, on a dit « politique », on a dit « sociologie », on a tout dit sans jamais parler du seul moteur qui fonctionne : la seule politique qui vaille, c'est celle du désir, la seule sans goulag, la seule où on joue encore à la liberté et à l'enthousiasme. Pour être une princesse, il faut d'abord que tu sois ma chienne, mon Amour. Pas ce contraire qu'on nous rabâche.

 

Ose, ma fille, ose, Joséphine : deviens un sublime salope au con révolutionnaire ! Coule ton mac, cette béquille de ta solitude qui ennuie la terre entière avec ses désintérêts infantiles aux relents de petites voitures et de ballons ronds. Passer à la culture en faisant l'économie de la nature ? Et pourquoi pas aussi devenir adulte sans avoir été enfant ? Non, sérieux, maintenant : on enlève Dieu, on enlève le père et tu t'accroches à quoi, ma fille ? A ma queue, bon début, mais ça peut pas te suffire, t'as trop d'intelligence et l'exigence qui rigole pas. T'es prête à tout, depuis toute petite, mais il ne se passe rien : t'es une légionnaire de l'amour mais y a plus d'adversaires, seulement un complice moderne, un qui te plisse le con quand il devrait te l'ouvrir, un qui te fait bailler quand tu voudrais téter, un biodégradé qui pense à la planète plutôt qu'à ton cul, divine salope !

 

C'est qu'on a peur de tout, maintenant. L'hygiénisme, fascisme version 2.0. Mais si t'aimes pas mes odeurs, est-ce que tu m'aimes ? demandait Gripari. C'était pas un demi-con, ce mec homo digne comme un lion qui n'habitait nulle part et ne possédait rien : un magicien grec qui connaissait les cordes où vibre le tragique. L'espace, le temps, bien sûr, mais aussi et surtout l'Autre : les deux premières donnent la possibilité de penser, la troisième catégorie donne à la pensée sa force. Ce beau rubis, il vient de Vendredi et de Tournier. Encore un homo qui montrait le phare aux hommes. Cherchons l'animal, c'est ça, le cul : une femelle, on lui apprend ses odeurs, on lui apprend à aimer ses odeurs et on la marque ainsi, un élixir subtil agit et ça donne un amour pur et grand, un machin qui a enfin à voir avec l'absolu et plus avec le relatif. Il est là, l'animal, elle est là, la femelle : c'est ça, le cul.

 

La beauté, voyons donc. On a bien vu des couples façon Gainsbourg Birkin. La belle et la bête, c'est mythique et profond. Delon Schneider, c'est moins durable, il y a là du Claude François quand les autres se la jouent Bashung. Mais le contraire, on n'a pas vraiment vu : Duras et son secrétaire, c'est un amour rare. Warum ?

 

La vraie « grande muette », c'est la sexualité. Des systèmes pour t'organiser tout ça sur un axe religieux ou politique, pas de problème : l'humanité dont on nous parle est idéalement humaine quand elle n'est qu'oublieuse de son animalité. Un oubli qui finit par faire un spleen, un ennui lourd qui cherche sa raison. Mais jamais personne pour régler le cul : faites, ne faites pas, ça s'arrête au mieux à ça mais ça parle jamais du comment. Comment faire en sorte que le rapport sexuel devienne le support de l'émotion humaine la plus intense et la plus pure de tout égoïsme ? C'est la question. Pas le genre de question qui appelle réponse : on a souvent la réponse avant même de s'être posé la question ! On vous dit vite obsédé sexuel. Obsédé, donc, du rapport à cet absolu qui est dans l'autre parce que c'est absolument une femme, parce que vous êtes absolument un homme, parce que ce sont deux animaux qui se reniflent et s'enivrent du parfum qu'a laissé l'absolu en les enchaînant à leur animal destin ?

 

« Toi, tu comprends vraiment les femmes, c'est rare » : on vous l'a déjà dit ? Qu'est-ce que ça voulait dire et pourquoi ? La princesse et la bergère, c'était avant le tout électrique. Le deal fantasmatique primal est devenu plus rock. Maintenant, c'est princesse et chienne, le vrai refrain. On nous explique d'ailleurs que le sexe est bon pour la santé, c'est chiffré scientifiquement sur Internet. Mais on fait quoi pour baiser et, surtout, pour baiser… longtemps ? Camarades, relevez-vous : vous êtes morts sur le champ d'une bataille que vous n'avez pas menée ! Il est plus que temps. La révolution, c'est moins mortel quand elle vient de l'intérieur. Marchez, lézards, et tendez votre dard vers la femme à fusion.

 

Le cul, ça parle aussi de liberté. Elle est où, notre liberté ? Forcément toujours relative : la limite, c'est l'autre et de ne pas le tuer, le premier devoir. Et puis il y a la Nature, puissante et forte, discrète longtemps et triomphante parfois dans la femme enceinte. Soit. Nous sommes libres d'aller à contre courant ou non, c'est tout : mais dans le courant, nous y sommes jusqu'au cou. Jusqu'aux couilles. Le vrai pouvoir se joue ici. Entre deux êtres humains. Ceux qui l'ont cherché ailleurs ont créé cette maladie tragique qui se maquille en relation « privilégiée » entre un homme et un peuple : la politique. Et si on revoyait les distances, si on redéfinissait le référentiel de nos analyses ? L'humanité est malade de cette idée que sa dignité passe par le dépassement quand elle passe plutôt par la transformation : c'est un voyage dans des couleurs de gris, pas entre le noir et le blanc. Ce serait tellement plus simple. Mais la Nature est joueuse. Elle a codé les infos. On commence juste à en décrypter quelques-unes façon génome. On gagne quoi, le jour où on a résolu toutes les énigmes ? On saura quoi quand on saura tout ? On en fera quoi ? Le gai savoir, nous l'avons déjà. Il parle de sexualité. Qu'est-ce donc ce monde où les amants excitent plus que les maris, où les femmes passent et les maîtresses restent ? Camarades, levons-nous et marchons vers la révolution sexuelle.

 

Tais-toi, tu dis des bêtises. Oui, c'est vrai. Faut oser penser des choses pareilles, non ? Avec le côté imparable de l'aboiement déterminé. Mais c'est que tu aimes, ça, tu le sais, m'imaginer en grand chien noir bavant dans ton dos de toutes ses griffes ? Oui, bien sûr, c'est ganz verboten d'être cynique. C'est ignoble, Thérèse, mais vous ravalez déjà l'excitation dans votre gorge. Vous mouillez, - si possible malgré vous, c'est encore mieux pour le plaisir subtil qui accompagne la honte et ses délices humides.

 

Sucer les seins d'une femme comme un bébé, mais quel bonheur de petit et quel petit bonheur ! Femelles, méfiez-vous des téteurs : ils vous prendront pour leur mère.

(faux) Guido Ceronetti

 

Alors comme ça, il paraît qu'il ne faut pas surtout pas chercher à mettre de la réalité dans la sexualité de ses parents. Mais si le truc, ce n'est pas d'arriver au jour où on réalise que ses parents sont avant tout un homme et une femme, c'est quoi ? Le nœud deep, c'est quoi ? Ah, oui, la femme, c'est les enfants, pour lui comme pour elle. Et l'enfant, ça irradie la pureté comme un réacteur pas très clair : y a heureusement que quelques déréglés qui perçoivent du désir pour quelqu'un qui n'en a pas encore. Mais c'est contagieux et la femme gagne en pureté ce qu'elle perd en désir. Faut que ça sexe. Camarades du MLF, vous vous êtes déjà levées : mais vous ne voyez plus les hommes, la plupart sont restés assis. Certains lisent le journal, d'autres pensent en sport, la plupart vous négligent et l'ennui fait pleurer une pointe de méchanceté au bout de votre cœur.

 

Veux pour moi, deviens mon re-père. Il y a une logique dans cet ancrage. On a tous besoin de loi et, plus encore, d'une loi reconnue par nous. Qui peut, après un père, faire la loi sur nous ? Seul le jeu est possible. Faire semblant sans faux semblant. Ce n'est pas sérieux de griller son temps pour une femelle provisoirement belle. Alors jouons gravement, avec le sourire tranquille du musicien sûr de ses doigts. Alors ce jeu, c'est aussi celui de l'atome amoureux, celui qui nourrit toutes ses déclinaisons : le père et la fille, la mère et le fils, l'amour et le saint esprit. On décapsule l'abstrait et on voit ce qui reste : un réflexe animal. C'est mal ? Mais si c'est bon, où est le mal ?

 

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