La minute du papillon

flodeau

A Salon de Provence, le soleil pointait bien haut déjà, et les petites mains de Flora couraient sur les framboises hautes...Maman a dit bien rouges, rouges comme ma robe, comme le sang, mais pas sur ma robe...Je regarde les bien roses et Je les gobe en grimaçant, en grinçant des dents, les oranges je les garde pour la f(a)in(m), les jaunes et les vertes c'est pour demain...et pour mes deux mains je le crains!


Flora chantonne et fanfaronne sur le chemin, de ses lèvres tendres, pulpeuses, sucrées et violines, telles les merveilles charnues qu'elle enrobe de sa langue et fait éclater dans ses rires d'enfant...

Le petit panier d'osier miniature, à sa mesure, parcourt pourtant toute l'allée et se remplit des fruits sacrés. Dans le vent, les lavandes embaument le soleil, réveillent les cerises sur son chapeau de dentelle, ricochent sur son nez plissé, le bonheur jusqu'au bout de l'allée...


Flora regarde maman, là-haut, là-bas...qui chantonne à tout va! et maman regarde Flora, là-bas, là-haut, elle est là!

Encore un dernier pied, maman regarde son panier, Flora son petit pied, égratigné...Flora passe ses lèvres sur son doigt, ça pique un peu, tralala! Passe ses doigts décolorés sur sa peau tuméfiée, à hauteur de ses mollets roses piquetés...


Aie, sous son nez des zébrures rosées perlent, les épines ont frappées...Maman va encore dire que les petits chats ont une soeur cachée dans les framboisiers...

Le soleil réchauffe encore les papillons de lavande, pas loin de là, sous l'olivier, et Icare ne se brûle pas les ailes, l'Argynnis a déserté les violettes, le vent transporte doucement le bal des fées vers Flora la reine des prés
.
Les ailes entremêlées enchantent la petite qui allonge les bras pour recevoir leur magnifique ballet. Silencieusement, les divines créatures chatoient sur son corps et rayonnent d'azur, ses mollets en émoi et sa bouche en zébrures, de ses cris cristallins qui la transfigurent...tout se fige, tout s'arrête dans ce tableau de rêve où ciel et terre signent une trêve...


Maman souffle sur les pleurs étouffés par la mignonne qui bruisse dans ce linceul qui ne fanera jamais..

Les papillons de sang, récoltent le nectar, des suaves jeunesses, ils s'accouplent en mourant,sur des lèvres armoises et réclament au vent un sursaut d'aventure qui entre leurs lèvres se turent, une once de sang pour un règne qui dure, qu'importe si la nymphe en lambeaux en est le murmure, papillon à papilles lion en est la mesure de soies mordorées...

Nul ne sait comment le nectar des fleurs a unifié son destin aux seules reines, les abeilles...Et puis oui, on l'a peut-être su...Elles allaient disparaitre, emportées par la peste, ces pesticides, rongées par les pluies acides, collées aux sols des vergers, destituées de leurs ruches par les hommes, les oiseaux, les guêpes, le bruit, le vent, la poussière, la pollution, la déforestation, la maladie...un jour de mai, ou de juin peut-être, mère nature a tranché court à une extinction de masse fatidique à sa survie; elle a élu la star du nectar, la seule, l'unique, l'abeille...Quant aux autres insectes...pauvres parures étoilés du vent, chers papillons...il ne régnait plus alors, pour leur survie... comme une odeur de sang. 

  • Sinon il y a beaucoup d'insectes qui pensent que l'homme devrait être utile sinon disparaitre: les cafards, les moustiques, les puces de lit et les vers à pieds...de quoi transformer la ménagère en ménagerie!!! ;0)

    · Il y a environ 5 ans ·
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    flodeau

  • Même les insectes doivent être utiles sinon disparaître.

    · Il y a environ 5 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

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