la naissance politique
sixieme
Un cinq février, bien froid, bien blanc, bien canadien
À seize heures il faisait déjà nuit.
Je regarde les flocons de neige accomplir leur destin
À seize heures, mes yeux étaient séduits.
Boulevard Anfa, Le nez collé à la vitre,
Je mendie l'apparition d'une relique de mon passé
Un chez-soi que l'on perd lorsqu'on émigre.
Dans ce taxi, je scrute, le regard paniqué,
le restant d'un souvenir décédé
car désormais, étranger là où je vais.
Le deuil était dur et l'est encore et toujours aujourd'hui
À la recherche d'un espace confortable pour y poser mon nid
Je laisse mes ailes voler à un rythme hardi
Je parle et j'existe au-delà de cette identité qui m'affecte
Une réduction sonore, une réduction d'affects
Je parle plus fort que ceux qui veulent me faire subir ce silence
Dont ont été soumis ceux qui ont permis ma naissance
Lorsque je tiens au bout des doigts le fil de l'Histoire,
Ces cases ne deviennent qu'arbitraires et dérisoires.
Je parle de la case qui se forme autour de qui je suis
Lorsque je dois me définir sous mon ethnie,
Après un hier garni de tourments
Mes pas se laissent guider par un vent de changement.
Cet été je prends la route vers le nord,
J'échange mes gratte-ciels pour des montagnes
L'étincellement dansant sur la rive y est si agréable …
Ce spectacle impressionniste inonde ma mémoire
de flashbacks de ma terre natale.
Disco Maghreb sur le canal,
Mont-tremblant encerclée sur la carte,
Fuyant à tout prix un vieux désarroi
Je recherche encore mon chez-moi,
C'est ce même rythme hardi qui influence ma voie
Je laisse le vent guider mes pas
Vers un demain étincelant de foi.