La nouvelle cuisine
padam
La nouvelle cuisine laisse toujours un peu rêveur…
Vous avez extrêmement faim et vous vous réjouissez à l’idée de vous sustanter (une fois n’est pas coutume) dans un restaurant gastronomique de derrière les fagots… Vous y êtes enfin. L’endroit est à la hauteur de vos éspérances: tout droit sorti d’un magazine féminin ultra trendy et d’un magazine de déco design. Le doux son d’une petite musique électro-lounge termine de vous mettre totalement à l’aise. Vous êtes fin prêt pour commander ET déguster.
Evidemment ces délicates attentions pour la bouche se font attendre… Mais c’est normal vous dites vous en adoptant une moue pseudo zen pour rassurer votre entourage. A auncun moment vous ne laisserez trahir des marques d’impatience, c’est tellement déplacé dans un lieu de ce genre! Vous n’êtes pas comme ça.
Vous prenez donc votre posture décontract qui vous sied si bien.
Un serveur passe à quelques milimètres de vos narines ; vous humez (que dis-je, vous sniffez littéralement) le délicat fumet qui se dégage de cette sobre assiette, l’homme vous dépasse – la fragrance de la patte de homard n’est déjà plus qu’un excellent souvenir – et dépose avec une délicatesse incroyable l’assiette-joyau devant la dame de la table à côté qui, vous le savez car elle l’a hurlé il y a tout juste dix minutes dans les oreilles de son mari, est arrivée au moins deux heures cinquante avant vous.
Arrive votre tour. Cramoisi, vous osez respirer. La technique orientale qui veut que vous restiez en hapnée pendant dix minutes au moins, afin de cacher votre stress face à une foule, se révèle efficace. A bout de souffle donc, vous voyez arriver votre met : un bavarois de chou-fleur! Super!
Ce qu’il y a de bien avec le bavarois de chou-fleur c’est que vous avez le grummeleux du chou ET le gélatineux du flan. Tout ça en proportions dérisoires, bien évidemment. Il ne faut sous auncun prétexte alourdir votre estomac, ça risquerait de vous rendre nauséeux et vous ne sauriez apprécier le reste du repas…
Des longues heures s’écoulent. L’expérience se termine. Vous sortez enfin. Vous y êtes resté la journée mais vous n’êtes pas détendu (vous auriez du oser cette cure thalasso finalement). Vous avez dépensé une somme presque scandaleuse pour trois grammes X 3 de substances audacieuses! Chouette!