La nouvelle vie de Jenah.[2]

Nanaah

Dès que je suis rentrée, l'estomac vide, je demandai où se trouvait la cuisine. L'homme, dont je ne connaissais toujours pas le nom, éclata de rire, d'un rire très bruyant. Après s'être calmé, il reporta son attention sur moi : 
- Tu n'as pas encore compris, Jenah ?
- Comment connaissez-vous mon prénom ? Et puis, c'est quoi le vôtre ? Et pourquoi vous me tutoyez ? Moi, j'ai faim, et je veux retrouver ma sœur !
- Hé, du calme ! D'abord, tout les vampires de notre clan connaissent ton identité, âge, ville natale, et ensuite, moi c'est Lucas. Je te tutoie puisque je te connais depuis ta transformation qui remonte à il y a quatre ou cinq jours. Et puis, si tu as faim, tu vas chasser, ce n'est pas compliquer. Et ta sœur, vu ton statut de vampire assoiffé, tu ne la reverras jamais. 
- D'accord. Je suis seule dans ce manoir sombre avec un monsieur qui fait très peur. Mais j'dois rêver, là. 
- Non. De toute façon je dois t'expliquer un truc important ! C'est Louis qui t'a transformée. Louis, c'est notre créateur. Il a mille deux cent quarante-neuf ans. C'est le plus vieux du clan. Revenons à toi. Ta transformation s'est mal passée. Dès qu'il t'a mordue, tu est devenue toute glaciale, ton cœur ne battait plus, et tes yeux, mi-clos, étaient noirs. Comme tous les vampires. Mais normalement, nous aurions dû avoir le temps de te ramener au manoir avant que tu ne sois transformée complètement. Puis Alyssa, celle qui prédit l'avenir, m'a dit qu'un vampire pas comme les autres allait arriver. C'était toi. Elle m'a aussi expliqué que ta transformation compliquée était due à ton don. Le principe de ton don, c'est de te renfermer volontairement. Ton esprit est alors impénétrable, et ton corps est protégé d'un bouclier. Tu peux aussi entendre les pensées d'un vampire de ton choix.
Je dois reconnaître que j'ai du mal à avaler toutes ces nouvelles.
- D'accord, je pense avoir compris. J'ai faim.
- Le groupe de chasse a ramené beaucoup de sang frais. Par chance, les vampires du groupe sont expérimentés et intelligents ; ils ont eu l'idée de garder la nourriture pour nous. J'espère que ça te plaira.
Je ne répondis pas. Il se mit à marcher d'un telle vitesse ! Il semblait patiner sur le sol, mais très rapidement, sans pour autant faire aller ses jambes très vite. Je fus stupéfaite. Aucun humain ne pourrait faire ça. Je me mis à courir, et je fis les mêmes gestes que Lucas. 
Nous étions arrivés devant une grande salle sombre. Il y avait une cuisine, des chaises et une table en bois. Mais pas de fourneau, de plaque chauffante, rien pour préparer les repas. Par contre, un petit frigo blanc attira mon attention. Je sentais qu'une chose exquise se trouvait dedans, mais quoi ? Mon plat préféré ? Non, les lasagnes ne sentent pas ainsi. Curieuse, je me dirigeai vers le réfrigérateur. Lucas m'observa en silence, épiant le moindre de mes gestes. Quand j'ouvris le frigo, ce que je trouvai me stupéfia. Du sang. Partout. Des tasses remplies de ce liquide poisseux trônaient dans le réfrigérateur. Malgré mon dégoût, j'emportai deux tasses et marchai vers le jeune homme.
- C'est bien, Jenah, j'ai vu que tu avais senti le sang. C'est nécessaire à ta survie. Merci pour m'avoir pris une tasse, mais comme tu es jeune, je te laisse le bol. Tu as besoin de force, pour plus tard.
Sous son regard, je portai une des tasses remplies à ma bouche. Mes narines détectèrent aussitôt le sang. D'un côté, j'aimais ce liquide. De l'autre, ça me dégoûtait. Je bu une gorgée. Je fis une grimace, et dès que Lucas la vit, il éclata encore une fois de rire. Puis, prenant mon courage à deux mains, j'avalai le liquide entier. En fait, c'est très bon.
- Wouaw ! C'est délicieux, ça à le goût de fer, mais aussi du sucre et du sel. 
Et je bu l'autre tasse.

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