La nuit névrotique

Paul Robert De La Fauvellerie

En cette nuit psychédélique, acrobatique, je m'accroche avec mes tocs et mes tics... Des tocs de chef, des tics d'insoumis... La fièvre monte et redescend, je n'aurais peut-être pas dû finir la bouteille de vodka, mais c'est si bon... La mère sup' est partie en train à Limoges, me laissant comme un oiseau blessé dans ma cage en laiton doré... Point d'envol pour moi, seules comptent ces précieuses secondes arrachées à l'ennui d'une vie sans histoire... Et oui, il n'y a pas d'histoire, ni début ni fin, à peine un milieu. Damien n'existe pas ce soir, seule subsiste sa fureur, sa rage d'écrire (quand il a un moment), et depuis le temps, veuillez croire que ça a bien macéré dans cette cervelle lacérée par des griffes d'acier en gants de velours... Sous les vapeurs de l'alcool, je traficote ma névrose infantile et la transforme presque en caresse empoisonnée... Ces mots acides me font jubiler et créent un pansement invisible à ma douleur... Si vivace sur un corps meurtri par les angoisses du passé, du présent, et du futur...  Mutilations décomplexées en cette soirée inoubliable. Liberté, Liberté chérie, combattras-tu avec ton défenseur? Ou le laisseras-tu moisir dans sa prison? Peu importe !! L'image errante d'une pin-up déglinguée hante mon crâne spongieux... Et quand je repense à l'autre mec... Sa face polyverruqueuse squatte mes nuits tel un sordide cauchemar poissard... Elle est partie le rejoindre là-bas... Ô ennui, Ô tristesse, que le vent vous emporte plaider ma cause. Peut-être vous entendra-t-elle? Moi, je suis aphone, je ne sais qu'écrire en cette nuit de mélancolie.

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