LA PAIX

fotounette

Je veux la paixJe suis toujoursEn pleine actionJe vais je bouge à cent à l'heureJe brasse du ventJe tourne en rondsJe prend le trainJ'entend la foule qui hurleSans m'prêter attentionEt je me brûle sans raisonÀ cette surpopulationJ'y laisse des plumesMais pour quelles raisonJe m'fais penser à une tortue en voix de disparitionqui surnageDans une houle en ébulitionPourquoi je continue?Je me pause encore la questionJe veux la paixJe cours après le tempsPour en gagnerApres le temps perdu passé à des rendez- vousdécevantsJe cours après les gensEt je me prend des ventsEt je me prend des claquesEt je sens que ma vie dérapeEt pourtant je me plis en quatreJ'ai pas le temps de m'pauser la questionJe veux la paixJe n'suis qu'une employée Un numero en haut d'un tableau compliquéUn coefficient un peu effacésur une fiche de payeMais dans ma sociétéNous sommes ainsi quelques milliersMoi ou un autre je ne suis qu'un maillonD'une chaine bien rodéeEt je suis en train d'm' oxyderJe veux la paixSi je n'fais pas l'affaireJe serais congédiéeRenvoyée par mon n+ 4Qui ressemble à un automatePrenant le titre honorifiqueDu seigneur de la directionDu tétenteur de toutes les sanctionsEt sonn'ra le glas du departJe m' retrouvrais pour un petit ecartDans le cachotdes ressources inhumaines à signer tout en tremblotant mon adieu à une vie mondaine Demain de ces mêmes tiroirs à l'odeur malsaine sortira le cv de la chienne qui me remplacera C'est sur dans moins d'une semaineJe veux la paixAlors j'suis obligée De me plier en quatreEt de me dédoublerJ'applique tout mon savoirJe remplie mes devoirsJ'essaie tous mes pouvoirsJ'apprend à developperMon don d'ubiquitéEt le soir je m'sens lasseJe me fous en quarantaine Pour éviter la dépressionJe me mets entre parenthésesj'enfile mes charentéses Et je m'fous du qu'en dira- t'onMais là je m' sent plutot à l'aiseCar nombreux sont ceux qui comprendront toutes mes revendications

Je veux la paix

Je suis toujours
en pleine action
Je vais je bouge
à cent à l'heure
Je brasse du vent
Je tourne en ronds
Je prend le train
J'entend la foule qui hurle
Sans me prêter attention

Et je me brûle sans raison
à cette surpopulation
J'y laisse des plumes
Mais pour quelles raisons

Je me fais penser à une tortue
en voix de disparition
qui surnagerait dans un lac de volcan
en ébulition

Pourquoi je continue?
Je me pause encore la question

Je veux la paix

Je cours après le temps
pour en gagner
après le temps perdu, passé à des
rendez- vous décevants

Je cours après les gens
Et je me prend des vents
Et je me prend des claques
Et je sens que ma vie dérape
Et pourtant je me plis en quatre

J'ai pas le temps
de me pauser la question

Je veux la paix

Je ne suis qu'une employée
Un numéro en haut
d'un tableau compliqué

Un coefficient un peu effacé
sur une fiche de paye
Mais dans ma société
Nous sommes ainsi
quelques milliers

Moi ou un autre
je ne suis qu'un maillon
d'une chaine bien rodée
et je suis en train de m' oxyder

Je veux la paix

Si je ne fais pas l'affaire
Je serais congédiée
Renvoyée par mon n+ 4
qui ressemble à un automate
prenant le titre honorifique
du seigneur de la direction
du détenteur de toutes les sanctions

Et sonn'ra le glas du départ
Je m' retrouvrais pour un petit ecart
dans le cachot des ressources inhumaines
à signer tout en tremblotant
mon adieu à une vie mondaine

Demain de ces mêmes tiroirs
à l'odeur malsaine
sortira le cv de la chienne
qui me remplacera C'est certain
dans moins d'une semaine

Je veux la paix

Alors j'suis obligée
De me plier en quatre
Et de me dédoubler
J'applique tout mon savoir
Je remplie mes devoirs
J'essaie tous mes pouvoirs
J'apprend à developper
Mon don d'ubiquité

Et le soir je m'sens lasse
Je me fous en quarantaine
Pour éviter la dépression
Je me mets entre parenthéses
j'enfile mes charentèses
Et je m'fous du qu'en dira- t'on

Mais là je m' sents plutot à l'aise
Car nombreux sont ceux
qui comprendront
toutes mes revendications