La Passion est une Rose Noire.

      Son sourire s'était éteint alors qu'il avançait doucement vers la colline verdoyante. Dans un calme surprenant pour lui, il restait mué en l'honneur de la tombe qu'il voyait d'ici bas. Le grand arbre derrière elle semblait la protéger d'un quelconque malotru, et il espérait de tout cœur que son chant gai et ses pas heureux fussent acceptés par le garde.

     Alors, pour paraître tel qu'il était, il revêtait son plus beau sourire et entreprenait de gravir cette bute le plus naturellement que possible. C'est pourquoi il se remettait à sautiller et à chanter. «You. Dear Missing. I join you» répétait-il. Et sous l'éclat de la lune, il se penchait au-dessus de la tombe et, après l'avoir dépouillé de la poussière du temps et des feuilles agonisantes, il l'embrassa. Toujours en souriant. Toujours en chantonnant. Guillerettement.

     Sous le regard de la lune ronde, dans les alentours de l'heure pleine, visage heureux, pas dansants et chant euphorique, il rendait hommage à cette tombe et à cet arbre qui surplombaient sombrement la ville lointaine et ses alcooliques moroses. Il se dandinait autour de la pierre, enlaçait l'arbre, pour finalement laisser le silence envahir l'air nocturne. Il s'accroupissait, regardait la sépulture, pour enfin lire l'épitaphe à voix haute. «Rose de la Lune, Rose de la Nuit. Sombre et Mystérieuse. Relation Interdite. Relation de Nuit.».

     Alors il se mettait à répéter l'éloge, inlassablement, jusqu'à ce qu'il n'entendait plus que sa voix résonnant en écho tout autour de lui. Et il lui semblait alors que la lune se mettait à lui sourire, d'un sourire heureux mais tout de même mesquin, et un brin mélancolique. Il ne savait aucunement ce qu'il venait de créer, et la Lune était aux première loges de sa décadence.