La Passion est une Rose Noire.

      Il serrait inconsciemment un inconnu. Tout contre son cœur tambourinant, il passait ses mains en-dessous de la frêle veste en cuir qui ne tenait aucunement chaud puis sous le simple tee-shirt qu'il semblait portait en dessous. La peau, il supposait être aussi halé que le visage de l'inconnu, était prise de frissons incontrôlable mais porteurs de chaleur.

     Cette figure semblait déjà graver dans sa mémoire alors qu'il ne l'avait aperçu que quelques secondes à peine. Mais jamais il ne pourrait oublier cet épiderme basané, cette chevelure aussi sombre que cette nuit, et ces yeux aussi pigmentés que les siens, si ce n'était plus.

     Il acceptait alors qu'un inconnu au visage angélique s'ancre ainsi à lui. Lui, qui n'avait jamais connu que la peur des autres et du malheur qui entouraient les relations intimes. Lui, qui tenait désormais dans ses bras salvateurs un homme qu'il voulait sauver à tout prix du froid et, pour cela, il serait près à subir tous les fléaux du monde.

     Comme pour le conforter un peu plus dans sa décision et l'approcher un peu plus de son but, un courant d'air glacial venait de les frapper de plein fouet, les faisant de serrer encore plus l'un contre l'autre. Un sourire venait alors prendre place sur ses lèvres roses en sentant le souffle chaud de l'inconnu contre son cou gracile. L'autre frissonnait encore, mais il ne savait pas si c'était à cause du froid ou alors à leur embrassade. Mais peu lui importait, il était heureux à cet instant.

     Sous le regard de la lune, de l'arbre sans feuille et de la tombe froide, il était heureux. Et comme pour assurer ce bonheur, il relevait la tête du bel anonyme puis, sous les prunelles aux milles couleurs, il embrassait ses lèvres rosées.