La Passion face au Vide

Consumé par la passion. Une belle expression en soi, tant qu'on ne l'expérimente pas au plus profond de ses entrailles. Si c'était le cas, vous comprendriez vite à quel point ce sentiment brûlant né d'une certaine forme d'amour n'est rien d'autre qu'un monstre qui se nourrit inlassablement de votre énergie. Laissez-moi vous raconter mon histoire avec la Passion.
En fait non. Je vais me contenter de vous dire ceci : je suis incapable de vivre sans elle. La Passion est toute mon énergie, et sans elle je n'ai plus la force de ne rien faire.
Maintenant je vais tacher d'un peu mieux définir ce qu'est la Passion.
La Passion, c'est avoir son cœur qui brûle littéralement pour quelque chose. Souvent pour quelqu'un, également. Voilà tout. Si je n'éprouve pas une profonde passion dirigée vers ce que je fais, je ne le fais simplement pas. Je trouverai tout le reste purement dénué de sens. Qu'il s'agisse d'une corvée ou bien du fait-même de vivre.
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Le problème me direz-vous, c'est que la vie n'est pas un enchaînement de passions, n'est-ce pas ? Et vous auriez bien raison de le souligner. En fait, j'aurais mis fin à mes jours depuis fort longtemps si aucun remède n'existait à une telle maladie : j'aurais tout bonnement refusé la vie, puisque celle-ci ne m'aurait pas suffisamment passionné dans son quotidien.
Heureusement, il existe une solution : l'amour. Le regard d'une fille, son estime, la sensation d'exister à travers elle… Cet état est le seul qui sache m'offrir une condition durable pour me procurer l'énergie suffisante de m'impliquer dans tout ce que je fais. Sans cette énergie motrice, mes jambes cessent de marcher, mon cerveau cesse de s'investir dans ce qu'il était occupé à accomplir, et je ne suis plus alors qu'une coquille vide, un âme errante et nihiliste.
Je peux dire que j'ai vécu pleinement heureux de cette manière pendant quelques années. Cinq à sept années, tout au plus. Pendant les 22 autres années qui ont complété mes 29 ans d'existence, je n'ai fait que courir après la première jolie fille venue pour avoir au moins un moteur : celui d'avoir l'espoir d'exister pour enfin me permettre de vivre.
Vivre pour moi-même, vous dites ? Impossible. Vivre pour moi, c'est vivre pour elle. Sans elle, qui qu'elle soit, les trois quarts de mes activités perdent leur saveur, à l'image de ma vie toute entière.
Ainsi me voilà donc isolé, seul, cherchant du regard et du cœur en permanence à confier ma flamme entre les mains de la première « âme sœur » sur mon chemin. Une âme sœur, ou plutôt une âme charitable, tout compte fait…
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Oui. Il serait grand temps que je remanie la recette. Parce que concrètement, je suis le dépendant affectif de chaque jolie fille que je croise. Seul, je me sens incomplet. Je n'ai alors plus le goût de la découverte, de la rencontre, du mouvement. En fait, je n'ai plus le goût à rien.
J'aurais aimé achever cette réflexion par une solution, une réponse. Comme j'aurais aimé. Mais là où ce texte s'arrête, la réflexion devra encore et toujours se poursuivre. Je ne sais pas vers quoi. On parle en permanence de se suffire à soi-même, et même si ces mots touchent mon esprit, mon cœur ne parvient toujours pas à les intégrer. Méditation ? Voyage astral ? Travail acharné ? Renouer avec
l'effort ? Est-ce l'une de ces pièces qui manque au puzzle de ma vie, ou bien est-ce moi qui refuse simplement de mettre ce puzzle sous verre et de l'accepter comme terminé ?