La petite fée d'automne

Joelle Eymery

Nous entrons dans les mois un peu sournois, où, quand le cœur n'est pas  bien armé, les yeux insensibles aux beautés de la saison qui clôture l'été, la mélancolie s'installe …


 

Je connais bien la mélancolie.

Elle s'apparente à l'automne ... 

 

Je crois que c'est un état permanent.

Ce n'est pas de la tristesse, non.

 

C'est une forme de sentiment un peu spécial , qui consiste à vivre des sortes de regrets indéterminés.

Le mélancolique aime à se plonger dans ses rêveries, même après de grandes joies, de grandes grâces,

comme pour se faire pardonner d'avoir été si heureux.

Il s'enferme dans une espèce de carapace inviolable où ses pensées suivent leur cours …

Ses yeux sont perdus dans l'au-delà, il rêve ... et vous ne pouvez absolument pas savoir où il est parti ...

 

J'en étais là de mes réflexions, lorsqu'une jolie carte m'est parvenue.

Trêve de mélancolie !

La muse se cache partout, il faut être très vigilant ! 

Voici ce qu'elle me chuchota à l'oreille ... : 

 

Je suis une fée,  toute nue sur une branche et je joue de la flûte.

Mes yeux pétillent de malice et de gaieté.

Dans mes cheveux couleur d'automne, deux grandes plumes d'oiseaux, plus grandes que moi.

Je suis toute petite, toute frêle.

 

Et quand ma voix, d'une douceur infinie, comme un cristal, s'élève dans les airs, plus rien

ne bouge.

Je charme l'alentour de ma magie, les insectes cessent leur travail, les animaux de la forêt

s'arrêtent et tendent l'oreille et l'on dirait même que les feuilles rousses des arbres géants écoutent, leurs mains en cornet …

 

Ecoute ma chanson :

 

Je n'ai rien à faire de mes journées

Que chanter et jouer du flûteau

Assise sur ma branche

Je ne connais pas les saisons

Pour moi toutes pareilles,

Qu'elles soient d'azur,

D'ocre ou de pourpre,

Ou encore de la couleur du lys,

Je vis parmi les oiseaux

Qui m'offrent leurs plumes

Pour orner mes cheveux,

Les biches et les faons

Que je protège ;

J'écoute le silence du temps

Les soupirs des arbres

Et les refrains des fleurs ;

Je suis la petite fée du bonheur

Intemporelle ... 

 

 

Et j'entendis très distinctement une petite musique, comme quand j'étais petite et que je remontais sans cesse la clé de ma petite boîte pour voir la jolie ballerine danser, toute en grâce ...

(Joëlle Eymery - 2014)


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