" La petite fille qui avait perdu son cœur"

gautier

Une chronique sur une des pièces du 50 ième festival d'Avignon OFF , aujourd'hui " La petite fille qui avait perdu son cœur" de la Cie HKC (retrouvez le format audio sur le lien média.)


Ce titre n'est pas le constat désabusé du passage d'une jeune fille à l'âge adulte, où parfois son cœur d'enfant à la recherche constante du prince charmant ne survit pas ! Non, il s'agit bien-là d'un spectacle pour petits et tout petits à partir de 3 ans, mais aussi pour les parents et grands-parents de 17 à 77 ans les accompagnants.                                                                                      Une petite fille que plus rien ne touche, se perd sur le chemin de l'orphelinat... Ça commence bien ! Mais ne quittez pas autant votre strapontin, le pathos ne fait pas partie de l'histoire! Car en chemin elle va rencontrer des personnages étranges et gentils à la fois, ayant tous en commun une grand-mère bienveillante, que ce soit le chien ou même le rat! Ils lui apprendront les préceptes essentiels de cette magnifique école de la vie, celle ouverte sur le monde, qui ramèneront à ce petit chaperon terne, au propre comme au figuré, les couleurs de la vie. Cette philo de-“Sophie et ses malheurs“ tient en trois points :          

Leçon numéro1: s'ouvrir à ses émotions en les reconnaissant et en les acceptants. Ecouter les signaux d'urgence que sont la peur ou le dégout, véritables guides dans les choix de l'enfant et dans la protection de son intégrité. Nombre d'adultes qui n'ont jamais dépassé ce stade-banal là!      

La Leçon numéro 2 est tout aussi essentielle: c'est la tolérance ! Cela s'apprends déjà tout petit!  Là aussi on ne compte plus à chaque élection de délégués de classe, régionaux ou départementaux, des redoublants sans complexe, prôner l'inverse en toute ignorance.                                                                          Enfin leçon numéro 3: Ecouter plus son cœur que ses propres parents !! Là pour le coup les ados assimilent très vite cette étape! Ce dernier précepte rend finalement ce spectacle un peu subversif sur les bords pour des 3 ans! Apprendre à dire non, manger uniquement ce que l'on aime, s'écouter soi-même, assumer un certain désordre dans sa chambre et peut-être déjà dans sa vie, c'est l'apprentissage d'une individualité en couche culotte avant la future grande liberté du pot!

Ce spectacle sans en avoir l'air s'insère tout à fait dans le grand projet d'une éducation populaire par la culture, dès le plus jeune âge. En utilisant les codes de l'enfance, des cubes en mousse pour structurer l'espace, des belles chansons, de la poésie, du rêve et de l'imagination à tous les étages,  la mise en scène d'Antoine Colnot, son jeu d'acteur au côté d'Anne  Jeanvoine poursuivent avec bonheur cet objectif-là. A cela s'ajoute la présence du compositeur, interprète sur scène en direct-live, Olivier Slabiak, tout droit sortis des Yeux Noirs, le groupe, qui donne à ce moment charmant et drôle, un aspect onirique venté venu d'Europe de l'Est. Vous l'aurez compris, cette fable initiatique, poétique et festive est aussi  un conte musical à ne pas dormir debout ! 

   Thierry Gautier (copyright SACD Avignon off 2015) 


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