La petite ronde à la tête carrée

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Je suis petite et ronde mais dans ma tête je suis très carrée. Je ne parle pas beaucoup parce que je trouve que les choses peuvent être dites avec le dixième de ce que les gens débitent, un peu comme les formules en chimie. Généralement, lorsqu’il y a un problème il y a une solution claire et optimale que les gens s’obstinent à ne pas voir en premier. Pour ma part, je connais la solution optimale à pas mal de problèmes mais j’évite de le dire parce que c’est frustrant pour les autres.

Tenez, le problème des immigrés… je ne suis pas raciste mais je comprends que certains puissent l’être avec tous ces étrangers qui envahissent notre espace vital dans cette atmosphère étouffante de crise qui n’en finit pas. C’est insupportable. D’ailleurs, tout le monde insupporte tout le monde surtout lorsqu’on n’a pas la même tête.

Moi, je suis très ouverte. J’accepte les autres, même différents, étrangers ou handicapés. On est tous pareils. Enfin, jusqu’à une certaine mesure. Je dirais que la différence réside dans la capacité de rationaliser que les populaces de ces contrées lointaines n’ont pas…sauf exception.

Ce que je ne supporte pas, moi, ce sont les originaux qui ne rentrent pas dans les rangs. Rien n’est plus beau qu’une pièce agréablement ordonnée, une bibliothèque bien rangée, un beau tailleur à rayures (j’adore les rayures, j’en ai partout) propre et bien repassée ou encore une société où chacun reste à sa place.

Revenons à notre problème, on reproche aux immigrés beaucoup de choses : leur manque de civilité, leur incapacité de bien s’intégrer dans notre société et leur fâcheuse tendance à vouloir nous imposer des traditions parfois choquantes, l’engorgement du marché de travail qu’ils provoquent...

Moi, je dis que ce n’est pas de leurs fautes, ils ne connaissent pas les règles ou plutôt on leur a jamais notifié les règles. Il suffit de leur faire signer un contrat dès qu’ils foulent notre sol sur la marche à suivre avec des objectifs clairs et des moyens de vérification simple et objective. C’est une idée qui fait son chemin et je m’en félicite.

Pour les traditions choquantes comme les boucheries Halal où la viande jonche le sol. Je ne l’ai pas vu ; mais c’est ma coiffeuse, qui a toujours vécu dans notre jolie petite ville de la petite couronne ouest, qui me l’a dit. Elle l’a vu, de ses propres yeux vu dans une boucherie Halal dans le quartier nord un peu malfamé à l’époque mais qui a été entièrement refait, Dieu merci, et où on ne voit plus que des jeunes couples bien comme il le faut et des petites têtes blondes adorables. Alors, pour ces traditions choquantes, il faut sévir, taper un grand coup, prendre des mesures radicales : fermer toutes les boucheries halal ! D’ailleurs, le Gaulois n’aime pas le Halal comme dit mon volailler-rôtisseur.

Pour le marché du travail, il suffit d’établir une règle simple : à diplôme égal, le natif est prioritaire. On ne va quand même pas préférer un étranger à un français de souche. Ils ont le même diplôme et donc les mêmes compétences. En plus, le français n’aura aucun problème de s’intégrer dans son nouveau boulot! Il prendra part à tous les apéritifs, mangera comme tout le monde et fêtera les mêmes fêtes. Pas de fine bouche devant une belle tranche de jambon, pas d’hésitation devant une coupe de champagne. Du reste, lorsqu’on a vraiment besoin de main-d’œuvre étrangère, il n’y a qu’à établir des indications claires en termes de comportement et d’excentricités tolérées. Il ne faut pas que ces étrangers oublient qu’on leur permet de vivre dans un système généreux et excessivement coûteux pour nous autres contribuables. Eux, les étrangers, ils se débrouillent toujours pour ne pas payer d’impôts.

De toute façon, avec des règles simples et en faisant preuve de fermeté, on arrive à des résultats formidables. C’est comme avec les enfants, il faut de la discipline, des sanctions proportionnelles et parfois exemplaires. Au final, on a des enfants bien élevés qui ont le sens du devoir et du respect. Pareil pour les étrangers, on les accepte dans notre pays avec bienveillance, il faut qu’ils soient reconnaissants et disciplinés, sinon personne ne les oblige de rester. Après tout, ils ont certainement un pays très beau et très attachant. Ils peuvent y retourner.

Tenez, il y a une étrangère qui vient d’arriver dans notre service. Intelligente certes mais un peu extravertie. Elle parle beaucoup, trop à mon goût et avec ça elle affiche sa singularité. Mademoiselle a des interdits alimentaires qu’elle n’hésite pas à montrer. Elle parle politique comme si c’était fait pour les femmes. Je ne suis pas réactionnaire mais quand même, la politique c’est tellement sérieux! Elle se permet même de contredire notre chef. Il faut dire qu’il ne prend jamais une décision avant de se concerter avec la terre entière. Je ne sais pas comment il a atterri là ! Enfin! Elle donne toujours son avis ou son sentiment, ce qui n’est pas d’une précision exemplaire. Il y a chez elle trop de sentiments, trop de sourires, trop d’exubérance. On pourrait la trouver un peu sympathique, ça m’arrive de temps à autre, elle manque tout de même de retenue.

Bon, elle est sérieuse comme tous ces étrangers qui ont bavé de la privation et du désespoir et qui travaillent dur dès qu’on leur donne une chance et tissent une formidable chaîne de solidarité avec leurs parents, leurs familles, leurs villages, leurs pays. Mais, bon, ils restent quand même des étrangers, on ne va pas se leurrer!

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