La plage

Je me remplis au pétrole, à la fumée des pots

J'accouche d'une glaire et la journée commence

Mais avant ça j'ai bien dû fuir mon lit

Mitraillé par le soleil et mes odeurs de pets

Je me lève nu, enroulé d'un drapeau

Je chute des marches comme césar

Des fleurs nichées au fond de la barde

Accompagné par une musique de ventre

Le matin est la plus belle époque de mon voyage du jour

J'ai les autres pour fortune et ma chaise comme galion

La traversée commence quand le soleil se lève

Sur l'océan fait d'un rêve enjôleur

Chanté par les boyaux de ma tête

J'évite les maelstrom, les vagues scélérates

Et je cherche la plage, celle où tu te reposes nue

Celle où j'ai enterré sous un dessin de croix

L'amour que je te porte, l'ardente myrrhe sacrée

C'est le cœur d'un christ, d'un soldat, d'un pariât

Fait de forge et d'argent, niché dans un écrin

Au velours fatigué, à la poignée fragile

Si l'on arrête la pluie, le vent et les cris de la houle

Tu l'entendras rythmer sous le sable encore tiède

De nos plaisirs d'avant et des chimères à venir

Les mêmes qui chantent en permanence

Et me tentent à l'errance vers les iles illusoires

Ou rien ne pousse, à part des arbres faux