La Plombière
lisanne
La plombière
Flûte c’était quoi sur la plaque ; Mme Colombani, au 3ème étage ? La porte est entrebâillée ce doit être là. « Entrez sans frapper «
J’entre sur la pointe des pieds, ma caisse à outils au bout du bras. Une salle d’attente, un salon c’est quoi ici. Il y a des tapis parterre et aux murs des déesses à mille pattes sur des affiches vernies de deux mètres de haut. Aux grandes fenêtres voilées de tarlatane turquoise sont accrochés des colombes, des papillons multicolors.
Les portes turquoises aussi avec des encadrements dorés, un canapé, des fauteuils, des revues sur le dos d’un éléphant en bambou tressé.
Rien ne bouge, si peut-être le bruit d’eau qui coule derrière cette porte. Je toussotte, attends, enfin une porte s’ouvre. Une femme aux cheveux roux, plutôt oranges, frisés, maîtrisés par un foulard en bandeau, une robe rose indien on croirait des voiles qui flottent dès qu’elle bouge.
-J’ai appelé un plombier vous êtes quoi ?
-Je suis plombier
Elle ricane, - Une jeune femme plombier à présent, c’est nouveau. Venez, c’est par là.
A ma gauche, un mur rempli d’étagères qui soutiennet vivariums avec des serpents des grenouilles et des tortues. Les serpents viennent apparemment d’avoir leur repas de la semaines ; de pauvres poussins à moitié engloutis.
J’étais tétanisée, elle ouvre une porte munie d’une grande chatière dans laquelle justement s’encadrait la tête d’un dobermann !
-Couché ! hittler, ne vous inquiétez pas il n’est pas méchant, mais faites attention vous avez failli marcher sur le rat blanc , c’est Blanche Neige.
- Je n’aurai pas dû venir.
Il me vient une envie de rebrousser chemin en courant, mais hittler me barre la route. Bon, je respire comme pour un accouchement. La porte d’après, elle aussi découpée d’une ouverture plus petite.
- C’est pour empêcher le chien de passer.
- Là ce sont des chats dans tous les coins et à tous les étages d’un arbre mort installé au milieu de la pièce ; deux chartreux, un siamois,un rayé roux comme sa maîtresse. Un grand bac odoriférent.
- Mais cela va-t-il s’arrêter ? Est-ce que je rêve ? C’est un zoo cet appartement.
,-Nous arrivons dans la serre, si jamais un des singes vous saute sur l’épaule ou sur la tête, surtout ne le chassez pas, cela pourrait le fâcher. Je vous présente Lydchees, Nana et Tarzan.
- Venez, venez c’est par là, c’est cette baignoire qui fuit, il faut que je laisse couler l’eau sans-
arrêt pour ces petits crocodiles. Ils n’ont que quatre semaines mais méfiez vous, ils mordillent déjà un peu.
Il fait chaud, humide, je transpire.
Je n’aurai pas dû venir.
La tête me tourne.
-Puis-je avoir un verre d’eau ?
Elle prend un gobelet posé sur le bord de la baignoire, le rempli au robinet rouillé. Il est sale, je l’approche de mon nez, ça pue !
Persuadée de plus en plus que je n’aurai pas dû venir !
Bon, courage, je me couche sous la baignoire, c’est le joint le responsable de la marre. Je me glisse plus près et horreur quelque chose bouge. Une chose à poils me renifle et se glisse sous ma nuque.
-Je hurle, c’est quoi ?
-Ah oui, j’oubliais, c’est Ursule le putois.
Je me dégage en glissant sur le sol mouillé , me cognant la tête, en dérapant voulant m’appuyer sur mes mains, mes basquets.-
-Madame je ne vais pas pouvoir vous dépanner tout de suite, il faut du matériel, il faut changer le coude. Mon collègue viendra à l9 heures.
-Tremblante, je ramasse mes outils, mouillée du haut en bas, j’entend le clapotis des bébés crocodiles.
Prenant mes jambes à mon cou, sans saluer, je retrouve toutefois la sortie sans encombre.
Le temps de me calmer, assise sur les marches de l’escalier, je souffle .
C’est décidé, je change de métier, demain je commence les démarches, je veux être coiffeuse, je pourrai toujours réparer les fuites d’eau dans mon futur salon ! .