Oh oui, la pluie. Peu importe les semelles usées que par jeu capillaire un humide traverse. Ce sont trottoirs luisants, et flaques qui réinventent la perfection de l’horizontal, où s’agitent en jolie danse de brusques éclats lumineux. Goutte. Goutte. La pluie qu’on vénère, la pluie qu’on sourit, si elle n’est pas la crue brutale qui emporte dans son obsession de javel les jouets délaissés et les photos floues. Oh oui, la pluie. Comme si elle savait emporter aussi les torrents rouges qui dégueulent de nos oreilles par tous les canaux asociaux, comme si elle savait se couler comme un baume sur les charniers, à chaque être bafoué la bénédiction de l’averse. Mais elle transporte en son eau, en ses perles fragiles, des miasmes, des débris, de nuisibles particules ; elle s’en pleure du mal qu’elle disperse et qu’elle ne peut calmer qu’au prix de l’amnésie ; la pluie comme un soleil de pardon ; la pluie comme un voile de pudeur. Comme la pellicule apaisante versée sur les âmes contrites.