La pluie

danae

La pluie fait des claquettes sur les tuiles de ma maison.
Jolie mélodie qui s'accentue au fil de la journée, jolie mélodie dont le refrain a commencé si tôt ce matin.

Enveloppant avec fragilité l'arrivée matinale de l'aube, tes gouttes d'eau s'éparpillent ici et là, légères comme des bulles de champagne. Imperceptibles, elles naissent et meurent dans l'indiférence totale.

Tu t'amuses à bruiner, crachiner, brouillasser juste pour ton plaisir de nous voir enfiler bottes et capuches, sortir et jouer sous ton manteau translucide dans les flaques d'eau qui naissent sous nos pas.

Et puis tu te rebelles. De petite pluie, tu deviens rideau, torrent de pluie.
Tu grondes, tu menaces sous mon toit, parfois même tu t'accompagnes de foudre touchant la terre avec des craquements secs et de puissants éclairs. Tes nimbostratus s'épaississent masquant et tuant le soleil levant.

Tes clapotis deviennent claquements sifflants, déchirant le ciel de toute sa tristesse grise. Je te crois épuisée, mais tu redoubles dans ta puissance. Où trouves-tu toute cette énergie ?

Les sons se mélangent aigus, graves, intenses, aucune fausse note dans l'air de ton refrain.

Mon jardin devient chagrin, les gouttières débordantes te supplient d'arrêter ton machiavélisme.

Mais que veux-tu de nous ?

Et puis soudain, tu freines ta passion. Ton réservoir est-il vide là-haut ? Alors reviennent jouer sous mes yeux tes petites gouttes fines et légères.

Un dernier sanglot et tu t'arrêtes à demi-sanglot... puis définitivement.

Mon jardin continue de pleurer des quelques gouttes qui se détachent des nuages défigurés. Mais la vie reprend doucement. Les chéneaux cessent de soupirer sous tes trombes d'eau, les oiseaux gazouillent à nouveau, le tintement du clocher de la vieille église du village se réveille et ranime le temps, un arc-en-ciel se dessine sur la cime de tes nuages naissants.


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