La politique des matins calmes (Dr Forlen)

Caïn Bates

      Finalement, je ne sais plus vraiment ce qui me plaisait dans mon métier à la Capitale. Certes, j'avais le sentiment de protéger la société des criminels tout en les protégeant eux même mais, tout de même, parfois je me demande si je n'étais pas plus condamnable qu'eux. Passons outre les châtiments corporels et autres sédatifs pour tenter de les contenir et ne parlons que du reste, c'est là que ça coince.
       Alors oui, beaucoup étaient des tortionnaires, d'horribles assassins voire même des futurs génocidaires mais certains n'étaient que de vulgaires gosses errants ou des victimes de rumeurs malintentionnées. Je ne cherche pas vraiment à les plaindre, personne ne le ferais d'ailleurs, je ne tente pas non plus de me racheter une conscience mais plutôt de la faire perdurer un peu plus longtemps. 


        Il fût un temps, la Capitale nous obligeâmes à instaurer la politique des matins calmes au sein de toute structure éducatrices, médicales et carcérales. Les règles étaient les mêmes pour l'ensemble de ces structures. Le personnel qui ne respectait l'ensemble de ces ordres risquait, pour les plus ordinaires, la mort instantanée et, pour les plus gradés ou autres privilégiés, une petite amende à régler dans la semaine suivant le délit. 
       Les enfants n'ont eu aucun mal à se plier à ces directives, ils n'avaient pas conscience de ce qui leur arrivait. La plupart ont toutefois perdu la vie des suites de maladies et de dérèglements de leurs systèmes internes. L'Etat a alors bidonner une étude démontrant que ces "pertes" étaient dues aux retombées toxiques. 
       Les patient n'eurent pas de mal à se faire aux changements drastiques, la plupart subissaient déjà des traitements lourds et ils n'eurent pas l'occasion de remarquer le changement de sédatif qui emmenaient les plus souffrant plus rapidement vers la tombe. C'est ce qui nous a permis de libérer de la place dans les hôpitaux.
       Pour les prisonniers par contre, ce fût une toute autre affaire. Déjà, quelques uns savaient ce qui se passait puisqu'ils faisaient autrefois partie du système (médecins, instituteurs, miliciens, tueurs à gage,...), c'est ainsi que les incidents se multiplièrent au Bastion. Pour les plus récalcitrants, une balle derrière la nuque permettait de régler le problème très rapidement et pour les plus malins, un échange de services nous permettait de gagner du temps. Il ne nous a fallu que trois jours pour contrôler toute la "prison" et nos captifs nous mangeaient dans la main au bout de la première semaine.

        Je suis vraiment désolé pour tous ceux que vous avez pu perdre pendant la "Politique des Matins Calmes" mais, c'étaient eux ou moi et j'ai une famille à protéger.

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