La purge anonyme

L'hiver le soir. Du noir du blanc : un hôtel vieux à hauteur de flanc.

En bas cinq ou six pièces. Du vide et des colonnes, au sol des carreaux croisés, des carrés sales à gratter. La lumière jaune blondit les gens les murs qui cerclent les stars. Sanglées les actrices, les novas : qui discutent, n'ont pas peur

De la mort.

Des corps en tas boivent. Sous lustres. Ils subissent l'alcool et les sourires, ne s'amusent pas.

De sa poche arrière, respire une arme grise. Elle s'enfonce contre sa fesse, tapie. Prête à naître à découper. Près d'une table, entre les côtes : un point dans l'abscisse. Et le pourpre.

Elles fantôment des mots les filles. Pour décorer la place entre leurs seins, pour empailler la salle. Se donner du sens et du calibre. De l'importance.

Les hommes sont : beaux.

Elle se rapproche du buffet, de la carne. Aux lèvres les dents. Hume l'à venir, le massacre.

Et elles, et ils
Ne se doutent pas.

En haut les alcôves jumelles. Elles se dressent elles, mortes dans le noir. Les piaules impaires et les salons d'étage se découvrent quand y entrent ces mots. Que balaient vos regards.

Dansent avec vous les gonds. Se déshabillent.

Personne ici que vos yeux. Les enfants de ceux qui buvaient là sont vieux déjà. Des grains de sable en pause, à vie.

S'y voient dans l'obscur des couloirs des pas dans les tapis. Débris des temps jaunes au premier.

Mille ans de poussières de cendres donc racontent un monde jadis.

Qui s'est abandonné, coulé dans la folie des folies.
Et dans lequel plus rien n'existe
Qu'une nuit toujours la même
Et qui ne finira jamais.

Puis des cris sur le sol.

La dernière voix des morts montent : rejoignent les chambres des ainés
Le noir le blanc et le contour des murs
Désolés.