La rentrée des classes

cerise-david

Carnet de santé #4

Ya pas de règles , même les plus flexibles finissent en deux, en quatre. Y a ceux qui courent dans le préau, les lacets défait, y a ceux qui pleurent, la main tendu vers les parents,  la morve au nez. Non, même Mapped ni peux rien. Je l'avais imaginé ma rentrée,  préparé, organisé. C'est la 15e ou presque… il paraît qu'on s'habitue. Mais même avec l'élan et la plus belle innocence, j'avais cette boule au ventre. Et puis, j'espérais. Je l'avais imaginé … enjolivé. Pour rendre le départ moins pénible, les cartons moins lourds et les adieux moins durs. Je vous jure, que j'avais mon plus beau sourire, une jupe bien lissée et des cheveux tirés. Et puis, mes sourcils se sont froncés. Ma bouche tordue en un rictus amer. Non vraiment, même une équerre n'aurait pas suffit à me garder droite… c'était pas ça.  Socialement, c'est pas évident.  Je suis pas là fille cool. Je l'étais.  Je fais rires, mais c'est facile. Les misères ça fait rire tous les chanceux. On s'attache à notre solitude et on traîne nos souvenirs… et le week-end arrive. Avec lui, eux. Une éclaircie dans les nuages de l'automne. Et puis, lundi. Le fameux lundi, le cartable lourd, la mine usée. Pourtant, c'est la où on doit être. Point final, meilleur score à la dictée. Les plus jolis croquis et les couettes de première de la classe. Les dents tordues en moins. Le téléphone vibre à intervalles régulières. Missives du front des battantes épatantes. Elles tiennent les lignes, elles assurent la résistance. Une photo entre 2 pages de biologie, lui. Souriant, charmant. Il vient me border chaque soir, d'une voix douce en visio conférence. Douceur douloureuse. Et les larmes qui montent souvent. Comme avec les parents quand vient l'heure des « à ce soir ». Quand le pull gratte, que les chaussures sont trouées par les parties de balle au prisonnier. C'était nos préférées. Non, vraiment, c'était pas la plus belle des rentrées. Sans doute que cette année maman n'était pas là pour me faire mes tresses, et papa trop fauché pour m'emmener faire du shopping. Et puis, le soir, et les autres jours… il n'y a plus de chez moi… c'est comme si, la nounou avait oublié de venir me chercher.


Heureusement, un lutin a caché dans mon cœur des mots secrets et à promis de m'acheter une nouvelle règle. Et puis, les copines sont juste dans la classe à côté… je les entends rigoler.

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