La Robe
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ELLE
Penche-toi en avant,
Que je revoie encore
Les os qui sous ta peau
Gargouilleront ton dos ;
Tes hanches arrogantes
Aux angles aristos
Et tes coudes qui rebiquent
Comme les ailes d’un oiseau.
LUI
Bascule-moi en avant
Sans chichis, sans chaleur,
Profite de mon absence
Pour m’arracher le cœur ;
Récolter ma semence
Me baiser sans douleur,
Et comme une vengeance
M’embaumer sans pudeur.
ELLE
Je serai couturière.
De mes doigts acharnés,
J’annulerai la terre
De ton corps décharné ;
Ta langue de vipère
En gris-gris sentencieux,
Ta tumeur meurtrière
Comme un métal précieux.
LUI
Mes yeux sur tes oreilles
Comme des bijoux en toc,
Mon sang sur tes orteils,
Vain vernis et breloques.
Tu donnes avec panache
Raison à Saint Laurent
Qui voyait en le nu
Le plus beau des vêtements.
ELLE : - Mais tu m’aimais un jour
LUI : - Comme un con, comme un jeu
ELLE : - Je t’évide mon amour
LUI : - J’étais vide, je m’en veux.
ELLE
Ta tête est un taudis,
Rien de beau à tirer,
Ne nait dans ma folie
Qu’un fourreau de papier.
Les finitions abjectes
De ma robe de toi
Ont la grâce incorrecte
Des tares de cinéma
LUI
Alors dévore-moi
Comme un mauvais fast-food
Méprise-moi, vomis-moi
Comme un mentor qu’on boude.
De mes lèvres durcies
Bleuies dans la bataille
N’auront jamais jailli
Que coups dans le poitrail.
ELLE : - Mais tu m’aimais un jour
LUI : - Comme un con, comme un jeu
ELLE : - Je t’évide mon amour
LUI : - J’étais vide, je m’en veux.
ELLE
De ta peau de chagrin
De tes angles de traitre
Il ne me reste enfin
Que le pire des paraitre.
J’irai dans la chapelle
Pour y tanner ta peau
Et jouer à la marelle
Sur la Terre en morceaux.
LUI
Je t’aime comme une sentence
Et pars comme un brigand
Là où les salauds dansent
Où les chiens sont savants.
Je t’aime comme un pardon
De n’avoir pas su être
Autre que ce sale con,
Que tu croyais connaitre.
ELLE : - Mais tu m’aimais un jour
LUI : - Comme un con, comme un jeu
ELLE : - Je t’évide mon amour
LUI : - J’étais vide, je m’en veux.