La ronde du vent

le-baron

L'automne.
Une vitre est brisée.
Le vent s’invite à l’intérieur de la plus haute chambre du château.
Ses amies, les feuilles, le suivent docilement et vont se déposer nonchalamment sur le vieux plancher en chêne qui fut foulé de tant de bonheur.
Les toiles d’araignées dansent au gré de la bise qui s’ingénue de mille rumeurs.
Les branches du saule fouettent la façade, inutile punition, le cœur n’y est plus.
L’étang est vide, les eaux devenus noirâtres, pour une obscure raison.
Est ce l’automne où est-ce la vie qui a quittée les lieux ?La magie s’est envolée.
Les créatures d’autres mondes sont reparties vers d’autres univers.
Tout cela semble si paisible.
Où sont les chants, où sont les rires ?
La table de réception est recouverte de poussières.
La vaisselle rangée dans le bonheur du jour.
Les vins d’un autre âge scellés en cave.
Aucune odeur ne trône plus dans la cuisine.
Tout cela parait si mélancolique.
Où sont les enfants et leurs cris ?
Les arcs et épées de bois se tiennent stoïques au fond d’une remise.
Où ont disparus les chats mendiant caresses et nourritures ?
Les oiseaux ne viennent plus se moquer de ces félins dénaturés.
Où sont-ils d’ailleurs, ces oiseaux de proies, faucons, buses, effraies ?
Le vent s’invite à l’intérieur de la demeure.
Il y visite les anciens sentiments, se repait de la quiétude des amours envolés, se nourrit du temps que l’on y cru arrêté.
Puis il s’en repart, laissant mourir les souvenirs…

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