La rose et le verre d'eau

Encore jeune et fragile, un bouton et des perles

Quand cette main délicate l'emmena avec elle

Lui séchant quelques gouttes en l'effeuillant à peine

Lui volant l'innocence de s'épanouir en reine.

Incolore mais solide, poussiéreux par le temps

Il est seul, ébréché, dans son rôle de contenant

Il espère remplir son corps une dernière fois

D'un sentiment utile, même si, montré du doigt.

Et ce jour arriva, quand il la rencontra

Cette verte silhouette, déposée juste là

Leurs destins se nouèrent quand on lui imposa

De rester avec elle, l'encercler de ses bras.

Assoiffée qu'elle était, libérant sa détresse

Un parfum printanier, des pétales de tendresse

Mais pour lui, impossible, de suivre sa quintessence

Il restait impassible, malgré sa transparence.

Elle s'ouvrit d'une couleur qu'elle n'avait pas choisie

Repensant à ses sœurs, pourtant bien plus jolies

Il comprit assez vite qu'il fanerait sa joie

De se voir ainsi vide sans avoir eu le choix.

Devant cette fenêtre, elle y sentait les vents

Lui déposer des sables, des poèmes émouvants

Avant de revenir à son triste destin

De se voir flétrir un peu plus chaque matin

Une épineuse question lui brisait la raison

Il le savait au fond qu'il était juste un pion

Un faux vase débordant qu'elle devait assécher

Un vieux verre fragile comme une feuille de papier

Tous les deux sans racines, en symbiose charitable

Jusqu'au jour où ses eaux n'étant plus idéales

Pour nourrir ses atouts qui chutèrent ainsi libre

D'une romance forcée comme un jeu d'équilibre

Balayés par la brise, les souvenirs étêtés

Elle finit dans l'abîme de ces fleurs à jeter

Quant à lui sur le sol, éclatant en morceaux

Comme un aveu déversant les bris de sanglots

Comme un aveu déversant les bris de sanglots...

Tous droits réservés à Fabien Quatrehomme