la solitude de l'homme

manolita83

LA SOLITUDE DE L'HOMME
Le ventilateur brassait l'air chaud de la chambre à coucher. Il n'arrivait pas à trouver le sommeil. Un étau enserrait sa tête, le bourbon agissait comme une scie sauteuse et lui vrillait les tempes encore et encore. Il se mit assis les jambes ballantes au bord du lit, le vieux sommier à ressorts grinça sous le déplacement du poids du gaillard. Un énorme soupir  s'échappa de sa poitrine, le réveil affichait en led rouge 3 heures 06 minutes. Le silence de la nuit emplissait la vieille masure, son visage le piquait: il pensa que cela faisait trois jours qu'il n'avait pas pris une douche, ni passer un coup de rasoir sur sa barbe. Il se sentit sous les bras et prit une moue écoeurée. Il sentait le phoque ou le bouc comme on veut. Il se leva d'une démarche mal assurée et traversa le couloir dans la pénombre. Pas la peine d'essayer d'allumer, l'ampoule avait grillé ce matin même. 

Il fit couler l'eau pour la rafraîchir un peu et bu à même le robinet. Le placard bancale laissait entrevoir le peu de victuailles posées sur l'étagère du haut. Il se rappela qu'il avait faim. Ses mains fouillèrent l'étagère , il tremblait, l'alcool faisait des ravages. Une boîte de conserve lui tomba sur le pied gauche, il hurla de douleur et jura comme un charretier. Des larmes dégoulinaient le long de sa barbe. Il se laissa glisser sur le sol frais, et s'arrêta de respirer. La douleur lancinante martelait sa tête , la douleur fulgurante descendait dans son pied. Il n'en pouvait plus, ses pleurs jaillirent et pris de soubresauts, il se mit à hurler à la mort comme un loup blessé.
L'aube arrivait doucement, des nuances rosées balayaient le ciel.La vie dehors reprenait ses droits, et déjà les premières cigales donnaient leur concert matinal. 
Dans la masure, l'homme s'était assoupi à même le sol. La fatigue et la douleur avaient eu raison de lui. Une mouche voletait près de ses narines, machinalement il se gifla avec ardeur. Il essaya de se mettre debout mais la douleur lui rappela qu'il n'avait pas mangé cette p.... de boite  de conserve. Sur le perron, le chien regardait le maître et le maître regardait le chien.Qui allait s'occuper du troupeau ? Il ne pouvait pas poser le pied par terre et la masure était trop isolée pour être visitée par ses pairs. L'homme se prit la tête dans ses mains. Son seul compagnon de fortune restait  lui assis immobile.
Le berger se trouva bien seul au monde..... En claudiquant, il se remit à marcher, sur la table le reste de bourbon...... Il but une grande rasade. 
La journée pouvait commencer......

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