"La solitude..."

aile68

M'en remettre à "La solitude des nombres premiers", ressentir toutes les émotions des personnages principaux, un jeune,  une jeune attachants, isolés dans leurs "problèmes", c'est bien peu dire, où ai-je mis ce livre, l'avais-je acheté, l'ai-je vu au cinéma ensuite, c'est possible, ça aurait pu être une histoire d'amour sympathique, mais c'est bien plus que cela, une histoire qui se déroule sur bien des années, et je ressens encore la solitude et la désolation d'une jeune fille anorexique recroquevillée dans sa baignoire, os saillants, regard perdu devant elle, yeux grand ouverts, fixes, si dérangeants qu'on en a la chair de poule. Quel est son nom déjà, Alice et lui, Mattia un surdoué des maths mais pas de l'amour. Envie de me replonger dans la lecture de ce roman si passionnant, oui je suis allée voir le film après, étrange, dérangeant mais si attachant. Pourquoi cette envie? Désir de me lancer dans un défi qui me tient au corps et au coeur, le relever ce défi, presque dans la solitude d'un  nombre premier seulement divisible par un et par lui-même, mais je ne veux pas me diviser, me neutraliser. Je déteste l'expression "diviser pour mieux régner", je n'aime pas les gens qui cautionnent cela, qui arrivent à leurs fins de la sorte. Trouver mes mots pour me retrouver mais par où commencer, quel fil enfiler en premier afin de tisser un nouveau corps, un nouvel esprit avec de nouvelles informations, de nouvelles données. Point ou interrogation, affirmative ou exclamation, me replonger dans mes livres de grammaire c'est comme lire un roman passionnant qui me recomposerait, conditionnel ou indicatif, indicatif c'est mieux. Si, les cours de français servent à quelque chose n'en déplaise à certains, un de mes élèves voulait devenir médecin, médecin ou mécanicien qu'importe s'il est heureux comme ça, et bon dans son métier.

Voilà que ma mémoire flanche à nouveau, j'ai quand même réussi à écrire tout un paragraphe, il est peut-être vide comme le regard de cette jeune fille anorexique fixé droit devant lui, ou bien plein comme un oeuf avant qu'on ne le lâche. "La solitude des nombres premiers", ce sont des retrouvailles vers la fin du livre, c'est un jour de lycée et du harcèlement dans les vestiaires après la gym, et puis des adultes, les parents qui essaient de sauver le tout quand ils sont dépassés par les événements. Si j'écris ce texte c'est que je suis comme Alice, non, je ne suis pas anorexique. Sa douleur, je la ressens en moi comme je ressens quelque chose que je ne nommerai pas ici. La douleur est universelle ou personnelle, elle peut saigner contre les parois de notre corps, elle peut couler comme toutes les larmes de notre corps. Ma douleur n'est pas que solitaire, je la partage avec des gens que j'aime. ça fait un an qu'un être cher n'est plus avec nous. En partant, elle nous a laissés tous orphelins. Bien... Voilà, des mots sortent de mon corps et de mon esprit, mais plus de mon corps car mon esprit est comme tétanisé, le terme est un peu fort, je sais. Je sais que c'est pour la vie...

Amen

C'est comme une prière, une demande pour être consolée. Restaurée.

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