La symbolique de l'arbre

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multiples et contradictoires symboliques de l'arbre ...

Vaste et plurielle, telle est la symbolique de l'arbre : L'arbre peut renvoyer tout d'abord à des représentations à la fois du féminin et du masculin : Sa puissance et sa force qu'il doit à sa sève en font le symbole masculin par excellence. Mais aussi, comme le chêne de la fable, comme l'homme trop sûr de lui, il évoque la fragilité soudaine, la rupture. Mais l'arbre peut aussi par sa frondaison abondante, sa floraison et sa fructification périodique, par son feuillage enveloppant dans lequel les oiseaux font leur nid, évoquer l'image de la mère fertile et protectrice : chez les romains les arbres étaient d'ailleurs de genre féminin. Ce symbole de fertilité se retrouve encore de nos jours en Iran où les femmes de certaines tribus ornent leur corps d'un arbre tatoué dont les racines partent de leur sexe et dont les frondaisons atteignent les seins. De même une ancienne coutume des régions méditerranéennes et indiennes consiste pour les femmes stériles à accrocher des mouchoirs rouges aux branches d'un arbre proche d'une source pour conjurer le sort et invoquer les forces de la fécondation. L'arbre peut être aussi, par extension, être associé à la naissance, à la famille, à la lignée, comme en témoigne la passion des français pour le tracé de leur arbre généalogique : d'après une enquête IPSOS, 61 % des français ont déjà tenté d'en préciser la ramure. L'attachement à l'arbre traduit donc l'attachement à la vie, à la famille et à la lignée -ne parle-t-on pas de nos racines familiales-à un ensemble de destins soudés mais d'existences multiples, comme autant de branches partant du même tronc. Mais par extension, l'arbre symbolise aussi la vie de notre espèce, de notre Histoire, de nos nations: il n'est donc pas surprenant que plusieurs pays aient choisi d'orner leur drapeau d'un arbre, que ce soit le Liban qui a choisi le cèdre, ou le Canada qui a préféré l'érable.Plus encore l'arbre symbolise notre planète et, par la nature cyclique de la pousse de son feuillage le cosmos tout entier. A ce propos il est intéressant de constater que l'arbre de vie est parfois représenté à l'envers, racines au ciel et branches en terre, pour traduire l'idée que l'énergie vitale vient d'abord du Soleil et non de la Terre : nos ancêtres avaient pressenti ainsi l'importance de la photosynthèse et le pouvoir de l'énergie solaire. L'arbre dans la forêt symbolise aussi l'individu dans la foule, à la fois protectrice lors de grands événements climatiques, mais étouffante lorsqu'elle est trop dense. Et dans une forêt mal plantée, tout comme dans une société trop inégalitaire, la lumière du soleil, le bien-être et les sunlights ne sont pas donnés à tous. L'arbre représente aussi la vie et la mort : dans certaines familles la coutume veut que l'on plante un arbre pour chaque naissance, mais c'est aussi en bois que l'on fait les cercueils. Par sa structure l'arbre participe des quatre éléments : il puise ses forces dans la terre, sa sève est son eau, son sang, il s'épanouit vivant, agitant ses branches dans l'air et finalement trouve souvent sa fin dans un feu destructeur. Enfin l'arbre participe du sacré et du profane : c'est sous les ramures d'un chêne que saint Louis rendait la justice des hommes, mais ce même arbre était sacré pour les druides qui y cueillaient le gui. D'ailleurs, la voute gothique qui s'élève vers le ciel n'évoque-t-elle pas les lieux anciens de culte dans les forêts profondes où les cimes des grands arbres semblaient s'étendre à l'infini ? Un relevé d'arbres vénérés fait en 1854 dans le département de l'Oise indique d'ailleurs que plus de 250 arbres servaient d'objet de consécration à cette période. Tous les symboles évoqués ci-dessus se retrouvent dans une ancienne croyance française qui prétend qu'une jeune fille qui s'endort sous un amandier et rêve à son fiancé peut se réveiller enceinte. A elle toute seule, cette superstition résume la symbolique plurielle de l'arbre : il peut représenter tour à tour le féminin et le masculin, la famille et la lignée, la vie et la mort, le sacré et le profane.

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