La tendresse des fous, fin.

sisyphe

La chute fut brève. Il n'y avait là rien d'une pathétique tentative d'envol, il retournait à la terre. Tombé en grâce, il s'était écrasé dans un buisson de ronces qui poussaient en contrebas. Le tortionnaire avisé aurait remarqué que ces épines ne faisaient que croître à mesure qu'approchait la funeste chute. Les jours précédents, le buisson avait doublé de taille. L'accès à sa dépouille était rendu bien difficile par l'acharnement que mettaient les ronces à défendre leur bien. A présent, elles ne voulaient se dissocier de lui, imbibées qu'elles étaient de son sang qui s'écoulait avec bonheur des entailles, depuis les entrailles, retournant à la terre allègrement. Des balafres écarlates, réapparaissait l'essence de sa vie que l'on ne soupçonnait plus en lui. Fantasque et grotesque pantin de chair déchirée et désarticulée, il gisait, l'étrange sourire aux lèvres. Le sourire de ceux qui s'en vont rejoindre les étendues éternelles ou leurs amours se prolongent bien au delà de la chair.

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