J'aime quand ma tête se remplit de musique !
Ça part par un petit air qui fait le tour et qui s'installe, qui s'installe tellement que je me surprends à siffloter ou à fredonner. Et puis c'est un peu comme si un orchestre se mettait en marche et la vie prend une autre tête. Je passe de la comptine pour enfant à l'opéra, au chant religieux qui me transporte dans un monde où le sentiment passe avant la raison, et entre deux j’apprécie musique et les paroles réalistes d’un groupe contemporain.
Si les gens qui prennent des décisions pour les autres mettaient de la musique au moment de leur réflexion, je suis sure qu'elles seraient plus adaptées au monde qui les entourent. Ne me dites pas qu'avec un chant gospel, trois notes de jazz ou même un son de guitare dans les oreilles, tu peux prendre une décision en ne pensant qu'à toi. Parce que moi c'est tout le contraire, avec la musique je voyage, je pars et je suis jamais seule, c'est toujours, toujours aux autres que je pense. Je pense à ce couple qui vit son amour en fraude dans un train et se quitte chaque soir sur le quai de la gare, je pense à ma copine qui se demande si son comportement fait d'elle une salope, comme elle dit tout ça parce qu'elle a sauté au cou d'un beau gars une fois de trop ! Je pense à mon pote qui a mal au dos et qui dégage tellement de sentiments, je pense au père de Cédric qui me fait de la peine parce qu'il est triste. Je pense à mes parents, que font ils ? Comment vont ils ? Et cette angoisse de les voir vieillir... le temps nous rattrape, ce putain de sablier géant contient combien de grains ? Enfant, j'ai toujours eu peur qu'ils meurent, par égoïsme à l'idée d'être seule et de ne pas savoir me débrouiller. La question n'est plus celle là et pourtant, j'ai encore plus peur qu’ils meurent.
Je pense aux gens que j'ai croisés ce matin et dans les yeux de ce monsieur, j'ai lu merci, merci de nous parler et de nous donner de l'importance... trois mots drôles, un regard et un sourire donné...et voilà comme quoi les gens ont besoin du contact des autres et de l'échange. C'est rien pourtant ! Mais quand je vois ces gens qui s'enferment dans un monde parallèle sans même s'apercevoir que d'autres personnes sont là. Et crac tu te prends un coup de parapluie ou de sac parce que le type qui était derrière est branché sur son tel et qu'il ne pense pas à l'endroit dans lequel il se trouve au moment où il y est. Il m'arrive de me dire, qu'on mène une vie de cons ! À force de toujours vivre deux choses à la fois : tu conduis et tu téléphones, tu marches et tu sms, tu baises l'un et tu aimes l'autre ? Mais putain si on faisait qu'une chose après l'autre, on arriverait peut être mieux à saisir notre vie. C'est dingue ! Sans vouloir tomber dans la nostalgie, il me semble que les journées d'hiver de mes grand-parents étaient longues, sobres, propres à la réflexion, presque chiante tellement le rythme était lent ! Et pourtant, quand est ce qu'on a le temps de se poser pour réfléchir : entre la télé, le tel, internet. Si par hasard, t'as rien à faire, qu'est ce que tu fais au lieu de rester là face à toi même, tu fonces faire une balade qui te fera prendre l'air, mais quand est ce que tu prends le temps de réfléchir, juste pour être en phase avec toi même. Je me souviens de mon grand père, qui égrenait le temps au moyen de gestes lents en bourrant du tabac sa pipe. Et puis une fois que ce geste était fini, mais fini vraiment, il l'allumait finalement et commençait à la fumer. J'avais l'impression que ça durait une éternité !
Il me prenait sur ses genoux, je respirais la fumée et j'aimais bien, mes cheveux en gardaient l'odeur jusqu'au prochain timothé. Mais je m'en foutais parce que pour passer le temps, on chantait des vieux refrains que je ne connaissais pas et qu'il me faisait répéter et c'était beau. Il disait que j'avais une jolie voix si je voulais bien faire comme il faut ! Et le lendemain matin il m'entendait chanter à tue tête dans la maison et je sais qu'il aimait bien et que ma grand mère aussi. Ils trouvaient tous les deux que j'avais quelque chose de spécial, qu'ils ne savaient pas expliquer. A cette époque, je comprenais pas ce que c'était, mais maintenant je crois que c'était tout simplement parce que je portais de l'attention à ce qu'ils étaient et à ce qu'ils m'apprenaient. Je ne l'ai peut être pas dit souvent mais quand j'avais entendu cette conversation, j'avais eu un coup au milieu de la poitrine, je ne savais pas ce qui se passait et mes larmes se sont mises à couler. C'est ce qu'on appelle la sensibilité et on m'a dosé fortement ; Même si parfois, c'est difficile à gérer, je préfère en avoir que pas du tout. C'est avec ça qu'on rate pas l'essentiel, qu'on perd pas ses valeurs et qu'on ne se perd pas soi même. Alors ce grand père qui tenait sa pipe dans une main et mes petits doigts dans l'autre, un jour m'a raconté une chose qu'il avait fait et j'en suis encore empreinte aujourd'hui. Pendant des années, il avait rempli les fonctions de conseiller municipal, puis d'adjoint au maire dans le village où il est né et qu'il n'a dû reste que rarement quitté. Il m'a expliqué son engagement, ses décisions, son implication auprès des gens, les confidences qu'il avait partagé même avec des gens pour qui il n'avait pas d'affection particulière, mais ayant le sens des responsabilités, de l'engagement, de la justice, il se comportait avec tout le monde pareil. A cette époque déjà le maire et son adjoint était rémunéré mais la somme restait modique et symbolique Mais lui cette somme malgré les jours difficiles, il ne l'a jamais dépensé, il l'a gardé sur un compte spécial et l'a rendu à la fin de son dernier mandant. La politique c'est ça, nom de Dieu! Je voudrai un jour que quelqu'un me dise qu'il a fait aussi aujourd'hui et peut être que je pourrais lui donner ma confiance. Je suis contente qu'on m'est donné ces valeurs d'honnêteté et de loyauté mais parfois je me dis que ce serait plus simple sans tous ces scrupules. C'est pour ça que souvent les gens me déçoivent parce que leurs sentiments restent superficiels. Ce qui fait que je reste avec une sensation d'abandon alors qu'on s'est rien promis.
Le pire c'est ça, on ne s'est rien promis et pourtant moi quand j'apprécie quelqu'un, c'est pas à CDD !
Alors je remplis ma tête de musique, je ne pense plus les choses, je les ressens…à force de raisonner, on vit plus les évènements, à force d’intellectualiser on oublie que dire j’aime ou j’aime pas c’est mieux que il faut ou il faut pas
La vie nous fait peur, pourtant les heures, les jours tout ça nous appartient alors oublions un peu le politiquement correct, le familialement correct, le professionnel correct, et l’amicalement correct parce qu’on finit par être emprisonné correct !
Soyons fous, soyons nous !