LA TOUR NÉE [1 Goutte de Foutre]
Lesaigne Paracelsia
Malgré les voyages et les rencontres, c'est des vagues de toi qui me parviennent, comme des embruns de rappels à nos délicieuses rencontres teintées de violence. Parfois, mon cou me brûle, me ramène aux souvenirs de tes doigts sur ma gorge ; ta main qui me tue et ta queue qui m'exécute. À chaque rencontre, j'exorcise mes envies en te dévorant, hurlant à perdre la voix dans notre alcôve.
Flamel, partout où tu fais grelotter ma chair et sangloter ma fente, j'y ramperais. Je sais que nos retrouvailles approchent, et mes jambes flagellent dès que je tourne une rue qui m'emmène un peu plus vers toi. C'est un bar un peu spécial surplombé de son relief : la « Tour Née » où nous nous étions croisés pour la première fois, que mes cuisses ont décroisées devant ton regard plein de malice et de convictions. J'ai en mémoire les dialogues de ce jour qui avaient glissé insidieusement sur des sujets plus intimes comme mes perles sur ma poitrine lorsque le loquet que je taquinais nerveusement face à toi, a sauté. Ton visage s'était paré de lumière, l'ourlet de ton sourire irradiant ce moment a fait dériver mon âme. Tu étais plein d'assurance, je te désirais affreusement.
— Laisse couler ces larmes, je peux t'en créer d'autres. Sertir ton cœur d'ivresse et de regrets.
Et tu l'avais fait. Je t'avais suivi, obnubilée par ta prestance et ces yeux clairs entourés d'ombres, la mélancolie de tes regards jurait avec ta bonhommie. Était-ce factice ? Tu t'es emparé de mon corps comme aucun auparavant, époussetant les souvenirs lointains d'amants ternes ; la chaleur de tes caresses sur mes cicatrices de grossesses ont eu raison de mes dernières réticences. Je suis devenue la catin sans offenses sur tes lèvres, je me suis fait jouir sans remords, utilisant ta bouche en tant que vulgaire jouet, écrasant ma baveuse sur ton visage. Le savais-tu ? Je me liquéfiais à remuer ces instants, bloquant mon souffle : cette suspension du temps où je ne suis plus une mère aimante, une épouse attentionnée. Sous le vernis des convenances, tes mots débordaient, la coupe sous la dentelle désirait encore tes phalanges en moi, ta bite en soie de Médine en dedans, partout.
Devant toi, je reste coite, refusant de prendre place, l'urgence était de nous retrouver isolés, pouvoir à nouveau humer les effluves musqués de ta peau.
Je rêvais tant de rejoindre ce nid secret, perché dans un coin situé en dehors de la ville, sans m'inquiéter de quoi que ce soit.
Tu m'attendais pour passer commande : la prochaine fois.
J'entre fébrile dans ta voiture impeccable. Sous ma poitrine, c'est un chaos infernal, ma tête tourne, je me sens liquéfiée par ta proximité. Posant mes pieds déchaussés sur le tableau de bord et commençant ostensiblement à taquiner l'iris humide sous le coton imprégné de la montée de la sève ; je m'offre à tes coups d'œil enflammés.
— Regarde la route ! Ordonnais-je.
Tu me le ferais payer…
Je me remémore nos instants d'alliciantes exaltations pour taquiner le nénuphar, le faire dégorger afin que tu puisses lorgner ses palpitations, m'entendre jouir en prélude à nos harmonies à venir. Sans quitter mes pupilles, tu attrapais un préservatif ; j'aimais que tu continues à me caresser pendant que tu déchirais entre tes dents le plastique. J'adorais le moment où je sentais ta queue entrer, le trou s'élargir. Je respirais fort pendant que tu me regardais intensément surexcité, mais patient. Tu étais assis sur une chaise et moi sur la table, tu m'as léché les orteils d'une façon savoureuse puis j'avais campé mes pieds sur tes épaules tavelées d'éphélides. J'étais trop impatiente, le ruisseau débordait de son lit. Je m'étais empalée sur toi. Tes délires ponctués de petits rires joyeux, tu me traitais de petite cochonne et de salope, entrant immédiatement dans mon cul. Je me suis lâché sur ton ventre : mes joues ont rosies.
— Pas avec moi, pas avec moi petite pisseuse.
Ta bite reste roide même après le concerto d'arioso dans ton véhicule. Sans me préoccuper de l'état des lieux, je t'accompagne à l'intérieur du chalet. Je te regarde te défaire de tes vêtements, attendant patiemment que tu fasses glisser les miens pour attiser ta faim. Après l'été de nos absences revient le printemps de nos errances. Aux feuilles mortes succèdent alors l'outrage de nos séparations, l'hiver qui clairsemait ma cage de verre. Bien à l'abri, le regard de Yohan me couvait, pleins d'amour tandis que je brûlais de te revoir et soufflais sur mes thés chauds, l'été de nos maux.
Je regarde ton canapé, celui de tous nos ébats hallucinés et je me laisse guider.
C'est entravée que tu me veux tout de suite, alors les mains attachées derrière mon dos, je monte à califourchon sur ta pièce de velours, mon intimité offerte, indécente et crue, salivant déjà sous ton membre épais. Aussi régulier qu'une vague légère et profonde, ta queue s'érige au fond de l'étoile anisée, restant un moment à l'intérieur pour retrouver l'air libre, déboussolée. Tu ne me touches pas encore, mais tes mains agrippent les bras du fauteuil et ta bouche grimace. Tu retiens tes insanités ou tes mots doux, en dévorant des yeux la sueur que tu as provoquée sur mon corps. Les gouttes ruissellent sur mes seins et mon ventre ; j'ai l'extase au coin des paupières et la crème au abord des lèvres.
Je suis luisante à ta merci, harnachée, bavant sans plus de décence devant le spectacle de ta retenue. Je suis ta putain de feu qui s'émeut en fontaine sur ton bas-ventre, tes assauts s'envolant en battements cinglants ; j'oscille entre la douleur et l'orgasme, la position me chauffe les cuisses. Je jouis tendu en "L" magistral, tu me saisis enfin par les hanches, estampille encore le fond de ma cuve de ta manne. Tes halètements saccadés, la raucité de ta voix et de ta capitulation me fait perler davantage, inondant la fourrure habillant ta virilité. Je tiens bon dans cette position, auréolée de victoire et de satiété jusqu'à sentir l'évacuation insupportable ; le trou esseulé, la semence qui se répand sur ton vers épuisé.
Tu admires tout ceci fasciné par le ballet du lait épais sortant de ma tanière pour te couvrir de chaleur. M'emportant dans tes bras, tu te relèves et je manque de jouir encore lorsque ton corps rencontre le mien. L'encens de ta peau me ranime, je veux davantage m'adonner à tes jeux.
Flamel, ton nom écorche mes lèvres et mon âme. La nuit a été explosive et libératrice pour nous deux. Je t'ai baisé mille fois la figure, en prenant congé. Je contiens mes larmes lorsque tu me dis de regagner ma niche avec beaucoup de tendresse.
Yohan m'accueille tout aussi affectueusement. Je me coule contre lui, essayant de gommer ton visage Flamel, ton odeur alors qu'elle me ceint entièrement. Comme un clin d'œil complice - Yohan, mon beau Flamel - tu me chuchotes : encore une fois, j'ai aimé que tu m'engloutisses par tes charmes. L'été prochain, ma Fabienne, ma chère gloutonne, ce sera merveilleux de nous évadez à nouveau...
Le temps de voir fleurir mon cerisier dans notre jardin secret ; le manège se poursuivra.