La troisième dimension- Partie 1

Kanon Gemini

John cache se réveille dans un lieu inconnu, avec une femme inconnue dans une enquête inconnue.

     Nom de Dieu. Mais je suis où putain ? Et c'est quoi cet arrière goût dans ma bouche ? Comme une espèce de dentifrice mais sans fluor. Et ma tête. Il y a comme une bande de militaires sous amphétamines entrain de hurler « bouge toi connard ». Ouais, sauf que j'avais mal. Partout. Mes articulations grinçaient autant que ma vieille Seat Ibiza, mes muscles, ou ce qu'il en restait, brûlaient comme la chatte de Maryse, la cuisse la plus légère de Sarcelles, mais ma souffrance ne s'arrêtait pas là. J'avais aussi mal à la merguez, comme si un scout l'avait utilisée pour allumer un feu de camp. Ça me rappelle quand une amie de ma mère, désespérée devant ce beau garçon de 15 ans (c'est surtout elle qui était désespérée) avait décidé de me déniaiser de toute les manières possibles pendant les 3 jours que j'avais passés chez elle. Une fois à l'abri des regards et de sa nymphomanie, je n'avais eu d'autre choix que des poches de glace dans le caleçon. On ne le dit pas assez, mais c'est fragile ces petites choses.


      Mes sens ultra aiguisés commençaient à reprendre le dessus et mon incroyable esprit de déduction me permit d'établir deux faits. Le premier était que je n'étais pas chez moi. Le deuxième que j'étais dans un lit. Allez, un petit troisième pour la route, il faisait nuit. En me tournant sur le côté, je tendis ma main à l'aveugle à la rencontre d'un éventuel indice. Peut être mon téléphone. Rien, si ce n'est le vide et… une sensation étrange au niveau du fondement, celle de sentir comme un courant d'air. Alors entendons nous bien, pas le courant d'air quand on a le cul en dehors de la couette, non. Comme si l'air rentrait en moi par cet orifice. Je n'avais aucun souvenir, et ça aussi c'était troublant. J'avais du me prendre une race comme il fallait encore. En pivotant avec une prestance digne d'un phoque sous Xanax, je voulus savoir ce qui m'attendait de l'autre côté. Et là, je la distinguais. Juste une ombre, éclairée par la lumière blafarde des réverbères extérieurs. Un parfum enivrant, des cheveux longs, qui j'imaginais noirs (en même temps, il faisait nuit, il faut suivre), une femme sans aucun doute. Je vous avais prévenus pour mes sens ultra aiguisés et mon esprit de déduction. J'osais glissé une main pour caresser ce corps. Elle était nue et je pus détailler ses courbes. Et bah mon p'tit John, on ne s'emmerde pas. Un véritable avion de chasse au toucher. Je n'insistais pas, préférant déjà retrouver la mémoire.


      Je me levais tant bien que mal, surtout mal d'ailleurs, et là, frisson. J'étais à poils aussi. Et merde, où sont mes fringues. En tâtonnant au sol, j'entendis un horrible craquement, je venais de retrouver mon téléphone, avec mon talon. Avec mon autre main, je sentis un tas de linge, j'espérais que ce fut mes fringues. Par contre, toujours aucun interrupteur. Mais, mais, qu'est ce qui… le temps que mon cerveau enfumé n'interprète ce signal, je me fendis d'une énorme flatulence, incapable de serrer mes sphincters. L'angoisse. Elle dormait toujours. Ouf. On ne sait jamais, si un deuxième rencard est possible. Mais au bruit d'égout que mon ventre faisait, je me dis qu'avant de trouver de la lumière, trouver les chiottes serait déjà bien.


      C'était pire qu'un escape game. J'étais sorti de la chambre et je devais être dans un couloir. Vite une porte, faîtes que je ne me chie pas dessus. Rien, rien, vite, vite. Une porte !!! Pourvu que ce ne soit pas un cagibi ou une autre chambre. Vu l'odeur de la pièce, ce n'était pas les chiottes. Sans doute la cuisine. Et là, je vécus le moment le plus humiliant de ma vie. Je me hissais sur l'évier et dans un bruit atroce digne d'une tourista, je me vidais dedans. Ça allait mieux et j'allais pouvoir réfléchir. Déjà à comment me torcher. Je vis, à la lumière de la lune, un torchon. A la guerre comme à la guerre. Par contre, je pouvais aussi me torcher d'un deuxième rencard, en priant qu'elle n'ait ni mon nom, ni mon adresse ni mon téléphone. En mettant les fringues devant la fenêtre, je pus constater avec soulagement que c'était bien les miennes. Ah, ça allait mieux. Et comme un miracle n'arrive jamais seul, je trouvais l'interrupteur de la pièce, enfin de la hotte aspirante qui alluma un petit LED. En regardant, par la fenêtre, je vis que je devais être dans un appartement au premier étage d'une maison, qui donnait sur une grosse artère, encadrée de maisons de ville tout du long. Ça ne ressemblait pas à Sarcelles. Mais bordel, où est ce que j'ai atterri ?


     Sentant qu'il était l'heure de prendre congé de mon hôte (et sentant surtout l'odeur atroce émanant de l'évier que je tentais de masquer en faisant couler de l'eau), je trouvais rapidement la porte d'entrée, dévala (m'affaissa serait plus juste) dans l'escalier. J'ouvris la porte cochère et l'air frai me fouetta le visage. On croit toujours qu'on va se sentir mieux avec de l'air frai. Faux. Je n'avais qu'une envie : remonter me mettre sous la couette chaude où la charmante créature dormait. Mais après la boucherie intestinale (mon gastro m'avait dit de manger moins de junk food), impossible de retourner sur la scène de crime. Autre truc bizarre, mon falzar était mouillé et poisseux. Je renonçais à étudier le problème, connaissant sa cause avec peu de doutes permis. En fouillant les poches de mon imper, je trouvais les clefs de ma bagnole. J'appuyais frénétiquement dessus, tel Michael Knight appelant Kit, et je la vis enfin. Quelques mètres et j'étais sauvé. Je titubais jusqu'à elle, ouvrit la portière en manquant de tomber à la renverse avant de tomber dedans comme une loque. J'avais déjà eu de sévères cuites, mais celle-là dépassait l'entendement. J'allumais le moteur et mis le chauffage à fond. Il allait maintenant falloir que je me souvienne.

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