La Vache et Le Moustique

David Claude

La Vache et Le Moustique.

Fraîchement débarqué de la grande ville,

Un moustique posé sur un morceau de bois

Vit venir une vache près de son endroit,

Une prairie jusque-là pour lui trop tranquille.

«  Voici à agacer un sujet facile.

Ma manœuvre bien rodée sera utile.

Cette bête naturellement désignée

Tend vite, m’a-t-on dit, à être résignée.

Quelques cabrioles auprès de son nez

La fera en avoir assez,

Restera à lui prodiguer quelque piqûre

Et à moi la bonne nourriture. »

Maintes fois éprouvée dans sa citadine vie,

L’insecte applique sa stratégie,

Enerve d’un côté Marguerite,

A souhait l’irrite,

Un instant hésite

A faire de suite ripaille

Guettant une meilleure faille.

La bovine lassée par ce manège

Comprend le jeu du fin stratège,

L’avertit en son language

D’un possible dérapage

Pouvant abréger sa vie.

La vaniteuse stégomie

N’entend pas la menace,

Continue dans sa folie.

« Cherche ailleurs plus petite carcasse,

Moins armée, pour en aspirer l’hémoglobine,

Préconise encore la bovine.

–  Mes ancêtres piquaient le dinosaure,

Réplique le moustique à la taure,

Nullement ne me fait peur un géant. »

Puis à lui-même se disant :

« Nous verrons quand douloureux sera ton séant ! »

Et se faisant,

Il passe du devant au derrière,

Enfonce sa trompe  dans le grasset,

En oublie la queue, cette chambrière

Dont le bout en martinet

Vient aplatir la tête

De la trop confiante petite bête.

La tranquilité, cette impérieuse envie

Que quelques-uns entendent vouloir toute leur vie,

Fait arrondir les angles plus que de raison,

Même contre l’agacement,

L’acharnement et le harcèlement :

Elle est le poison

De l’esprit qui fait tendre l’autre joue,

Qui fait se laisser traîner dans la boue...

A persécuter les gens

Point ne faut être surpris

Si l’un de ces excédés esprits

Répond par des actes violents !

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