La vengeance dans le sang

Kate Lyna

Je vais vous conter une histoire. Une histoire d’amour, mais aussi de haine et de vengeance. Lisez-la et apprenez. Apprenez à quoi mène la vengeance.

Il était une fois un pays gouverné par un roi cupide, nommé Hector. Tout ce qui l'intéressait était sa richesse. A tel point, que tous ses sujets étaient pauvres. Même les jolies femmes étaient incapables de le détourner de son amour pour l'or. Tout ce qui était à lui était fait en or, jusqu'à ses vêtements cousus de fils d'or. Pourtant, son conseillé, Martin, et plus grand ami, ne cessait de lui répéter qu'il devait absolument trouver une femme et donner un héritier à son royaume. Mais la seule réponse que le conseillé obtenait était toujours qu'il y avait encore tout le temps de penser à cela.

Un jour, Martin se rendant compte du mécontentement du peuple face au manque d'intérêt du roi pour son royaume, mais aussi à l'absence d'un héritier, fit passer une annonce dans tout le pays et jusqu'aux pays voisins pour trouver une femme au roi. Bien des femmes répondirent à l'appel, elles-mêmes avares de richesse pour la plupart. Elles défilèrent une à une devant le roi, se pavanant et cherchant par tous les moyens à conquérir le cœur de l'homme. Mais au grand désespoir du conseillé, le roi ne fut intéressé par aucune d'elle.

Malheureusement, une jeune femme, appelée Malicia, qui était persuadée de devenir la reine, fut très vexée d'être ainsi rejetée. Elle se jura alors de se venger du roi Hector. Pour cela, elle mit en place bon nombre de plans diaboliques pour lui faire vivre un cauchemar. Ces plans allaient de l’embuscade pendant une partie de chasse, aidée de complices, à l’introduction d’insectes mortels dans le château. Mais à son grand damne, tous échouèrent lamentablement. Ne pouvant plus supporter l'idée que cet homme ait pu ainsi se moquer d'elle, Malicia mit en œuvre une dernière tentative ayant pour but de débarrasser définitivement le peuple de ce roi cupide et égoïste. Elle se déguisa pour ne pas être reconnue et se fit engager en tant que servante en se débrouillant pour être de corvée de cuisine. Bien entendu, d'autres servantes étaient en permanence avec elle, et il lui était donc difficile de mettre son plan à exécution.

Un soir pourtant, la servante qui devait être avec elle en cuisine tomba malade. Toutes les autres étant occupées à une autre tâche, Malicia devait donc préparer seule le plat royal. C'était le moment rêvé pour que son plan diabolique voit enfin le jour. Alors qu'elle préparait une délicieuse soupe de tomates, elle versa dans la mixture quelques gouttes d'un poison puissant qu'elle avait acheté à une vieille sorcière il y a fort longtemps, persuadée que cela lui servirait un jour. Peu après, la soupe fut servie au roi, et la jeune femme jubilait déjà de sa victoire.

Mais ce qu'elle ne savait pas, c'était qu'un sujet devait goûter chaque repas du roi avant que celui-ci ne le mange. Ledit sujet mourut quelques secondes après avoir avalé la cuillérée habituelle. On chercha alors qui avait préparé cette soupe empoisonnée et on fit venir Malicia devant le roi Hector. Celui-ci, furieux qu'on ait voulu attenter à sa vie, la chassa de son royaume, la condamnant à un exile à vie. Il fit ordonner à sa garde de la jeter hors du château et fit faire un ordre d'exécution au cas où elle tenterait de revenir.

Folle de rage et humiliée, Malicia partit en quête de vengeance, ruminant sans cesse sa haine. Durant plusieurs années, elle passa ses journées à chercher un abri pour dormir, et chaque nuit à rêver du jour où elle pourrait enfin faire payer à cet homme ce qu'il lui avait fait. Sa rancœur était en train de la consumer peu à peu, jusqu'à en perdre la raison.

C’est alors qu’un jour, tandis que Malicia marchait sur un chemin de terre, épuisée, guidée uniquement par son idée de vengeance, une femme à l’allure élégante l’interpella. Les deux femmes se regardèrent un instant, et rien qu’avec ce moment, Malicia su que l’inconnue pourrait la sauver. Bien qu’elles semblaient toutes deux très différentes physiquement, elle était persuadée que leur façon de penser était pareille.

Malicia était blonde et petite, le visage dur et la taille fine, le tout relevé d’une bouche rose pale avec des yeux vert pomme et une peau matte. L’autre avait des cheveux d’un noir d’encre et plutôt grande, le visage fin et la taille élégante, le tout mis en valeur par une bouche rouge carmin avec des yeux bleu profonds et une peau laiteuse.

« Qui êtes-vous ? », Demanda Malicia.

« Je m’appelle Véroniqua. », Répondit la brune.

Cette dernière tendit la main et, sans trop savoir pourquoi, Malicia la pris et suivit l’inconnue, comme hypnotisée. Elles marchèrent en silence pendant plusieurs heures, avant de s’arrêter devant une petite maisonnette au cœur des bois, tout ce qu’il y avait de plus modeste. Véroniqua laissa entrer son invitée et lui servit de quoi manger. Le silence était toujours là, et pourtant, il n’y avait rien de pesant dans l’atmosphère.

Au bout d’un moment, Véroniqua brisa ce silence.

« Que souhaites-tu plus que tout au monde ?

-Me venger de ce roi cupide… Je voudrais qu’il souffre et soit humilié. Je voudrais qu’il meure ! »

La réponse était venue d’elle-même, sans la moindre hésitation et fit sourire la jeune femme pâle.

« Et si je te disais que je peux faire en sorte que ton désir soit exhaussé ? »

Cette phrase raisonna inlassablement dans la tête de Malicia. Elle n’osait y croire. Depuis tout ce temps où elle attendait cette occasion, elle se présentait enfin à elle. Et sans s’en rendre compte, un large sourire, que l’on pourrait aisément qualifié de sadique, s’étira lentement sur ses lèvres rosées.

Durant ce temps, au pays du roi Hector, la situation du royaume n’avait nullement changée. Le peuple était de plus en plus mécontent, inquiétant grandement Martin qui ne parvenait toujours pas à convaincre son roi de trouver une épouse. Quiconque venait dans le royaume pouvait sentir une atmosphère pesante. Le pays était au bord de la crise

Un jour de printemps, une jeune femme aux cheveux d’or et si belle qu’elle paraissait irréelle, arriva dans le pays. Elle marcha d’un pas serein jusqu’à l’entrée du château où un garde, entièrement hypnotisé par sa beauté, l’aborda d’un grand sourire sur les lèvres et d’une fleur à la main :

« Un bouton d’or éclatant, pourtant bien pâle à côté de vos cheveux luisant !

-Je vous remercie, Monsieur. »

La voix de la jeune femme finit d’achever le garde qui la laissa passer sans même protester. Celle-ci entra dans le château et demanda à voir le roi Hector, requête qu’elle n’eut aucun mal à obtenir tant sa beauté éblouissait ceux qu’elle croisait.

Arrivée devant le roi, elle s’agenouilla, puis lui expliqua la raison de sa visite.

« Votre Majesté. Je suis Malika, et je vous apporte une bien mauvaise nouvelle. Le roi du pays voisin complote contre vous et a l’intention d’attaquer votre château pour vous asservir et s’emparer de vos terres. »

Cette nouvelle eut pour effet de mettre le royaume sens dessus dessous. Tout le monde était constamment en alerte, chacun se méfiait de son voisin, craignant que celui-ci soit un espion du pays voisin.

Abusant de ses charmes, Malika n’eut aucun mal à convaincre le roi de la prendre pour conseiller et à faire expulser Martin du royaume, l’accusant d’avoir donné de mauvais conseils au roi et d’être de mèche avec le pays voisin.

Un soir, à l’heure du diner, il convia Malika à se joindre à lui pour le repas. Ils parlèrent longuement, d’abord de stratégie pour défendre le royaume, puis de tout et de rien, comme s’ils se connaissaient déjà depuis plusieurs années. Le roi Hector se sentait en confiance et n’hésita pas à inviter la jeune femme dans sa suite pour boire un dernier verre et discuter dans l’intimité, loin d’oreilles indiscrètes.

Mais une fois dans la chambre, à l’abri du regard de tous, le roi eu la mauvaise surprise de se retrouver cloué au lit, Malika l’y maintenant fermement. Ne comprenant pas ce qu’il se passait, il demanda, le regard interrogatif :

« Que se passe-t-il ? Que faites-vous donc ? »

Malika laissa échapper un petit rire qui fit découvrir à l’homme deux canines bien trop longues pour un être humain normal, et répondit : « Je suis pas venue vous avertir d’une menace du pays voisin. J’ignore totalement s’il complote contre vous, je ne connais même pas le nom de leur roi. Mon véritable prénom est Malicia. Vous souvenez-vous de moi, Majesté ?

-Comment pourrais-je oublier une personne que j’ai exilée pour avoir tenté de me tuer, déclara-t-il horrifié. Mais vous avez tant changé… Vous êtes devenue un démon !

-Un vampire pour être exacte. Et cela à cause de vous ! Vous êtes si cupide et égoïste et que vous n’avez même pas été capable de rendre votre peuple heureux ! Vous n’êtes pas un bon roi, et je compte bien débarrasser ce pays de la grossièreté que vous êtes ! »

Sur ces mots, elle se pencha sur le cou de l’homme, prête à y enfoncer ces crocs et à prendre sa vie et son âme, de la même manière qu’elle avait offert son âme à la femme qui lui avait redonné espoir. Le roi se débattait comme un beau diable pour se sortir des griffes de cet être maléfique, criant le plus fort possible.

Par chance, les bruits attirèrent un garde qui passait par là. Celui-ci se précipita dans la chambre et tira dans la tête du vampire sans réfléchir, ne voyant que son roi en danger et n’ayant en tête que le désir, le devoir même, de le sauver coute que coute. Le corps de ce qui fut autrefois une jeune femme s’effondra de tout son poids sur celui du roi. La balle ne l’avait pas tuée, seulement assommée.

On fit venir tous les gardes du château et on emprisonna ce démon dans les oubliettes en lui mettant toutes les chaînes en argent que l’on pouvait trouver. Une exécution publique était prévue, prévoyant de brûler le vampire qui avait osé s’attaquer au roi. Mais celle-ci n’eut malheureusement pas lieu. Pour une raison inconnue des mortels, Malicia n’avait plus la moindre trace de sang dans son corps et elle n’était plus que chaire putréfiée.

Suite à cette mésaventure, le roi fit revenir son ami et conseillé auprès de lui, regrettant de s’être laissé charmé par le démon. Hector comprenait désormais l’importance de ne pas se soucier que de choses matérielles, et était fin prêt à se trouver une femme pour donner un héritier à son peuple. Les précédents jours avaient amené beaucoup de méfiances à l’égard du pays voisin. Pour remédier à cela, Martin eu l’idée d’expliquer au roi Victor, roi du pays voisin, ce qu’il était arrivé au pays du roi Hector. Victor, qui avait une fille proposa alors cette dernière en mariage à Hector qui ne put qu’accepter, tombant amoureux de la jeune fille aux cheveux châtains parsemés d’éclats d’orés.

Durant les mois qui suivirent, les deux royaume s’attelèrent à la préparation des noces, puis à l’arrivée de l’héritier tant attendu, rendant les deux peuple heureux pour longtemps.

Si vous rencontrer cette jolie femme aux cheveux noirs, aux yeux bleus avec des lèvres carmines et à la peau pâle, ne vous laissez pas aveugler par votre vengeance. Ne vendez pas votre âme.

Retenez bien la leçon : la vengeance est un plat qui se mange froid, mais si on ne sait pas s’en détacher, elle devient un véritable poison.

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