La vengeance d'un amant

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J'étais fou d'amour pour toi et au finale, c'est cet amour qui nous a tués tous les deux.

Je t'aime, j'aimerais te le crier, mais de là où je suis, tu ne m'entendras pas : les murs de l'enfer sont solides et épais.

 

J'ai fait une erreur et je m'en veux à mort. Dans cette prison de flammes mortelles, je ne peux m'échapper. Je suis un amant impuissant, qui ne peut plus te montrer la puissance de mon amour, même si je te l'ai montrée par la force de mes coups.

 

Je t'ai blessée, je le sais. Pourtant, quand je t'ai tuée, je n'ai pas réagi tout de suite. Je n'avais pas compris que je ne pourrais plus te caresser, te dire que je t'aime, te le montrer par les plaisirs de nos corps enlacés.

 

J'ai fauté. Je m'en veux. Mais mes remords ne pourront pas effacer mes crimes. Ton premier amour, ton mari s'est vengé de ta mort. Il m'a envoyé dans l'antre de l'enfer en tirant sur moi huit balles d'affilées. Il m'a criblé de balles, par cette même arme avec laquelle je t'ai tuée. Peut-être lui est-il en prison pour avoir tué lui aussi, mais ce n'est pas la même que la mienne. La sienne, il n'y a pas de flammes ardentes autour de lui, ni même des démons qui hurlent dans son esprit. Non, sa prison est faite de barrières en fer, il est entouré par des hommes aussi vivants que lui qui dictent la justice.

 

Ma prison à moi n'a pas de justice. Aucun démon ne connait ce mot.

 

Pour revenir à toi mon amour, je voudrais que tu sois là, avec moi. Je me rappelle de tes mots, de tes sourires, de ta voix aigüe, de tes robes qui serraient ton corps, lui donnant des formes marquées par la féminité. Tes cuisses étaient rondes, ta poitrine pas très grosse, mais douce et magnifique. Tes mains plus petites que les miennes. Je me souviens de ce que tu m'avais dit la première fois qu'on a enlacé nos mains. D'une voix douce et mélancolique, tu as exprimé ton amour pour moi :

 

« Ta main est si grande qu'elle pourrait couvrir toutes mes peines. »

 

Comme j'étais heureux d'entendre cela. Oui, je faisais tout pour te montrer mon amour. Je t'écoutais, t'enlaçais quand tu pleurais pour te réconforter. Je voulais être tout pour toi. Plus que ton premier amour. Je voulais te posséder. C'est pour ça qu'être le « second » ne me plaisait plus. Je voulais être le seul homme que tu aimais. Seulement, tu as refusé, tu m'as demandé de partir de chez toi, en me criant des mots qu'aucun homme fou d'amour n'aimerait entendre. Puis, j'ai pris discrètement ce couteau derrière moi, qui était posé sur le plan de travail de la cuisine, et je te l'ai enfoncé dans la poitrine. Oui, j'ai voulu viser le cœur, car c'est lui qui a trahi notre amour. C'est vrai, je t'ai tuée dans la colère et la tristesse de t'entendre dire que tu ne voulais plus jamais me voir. Comme quoi tu ne me voulais plus comme amant, que tu voulais juste garder ton premier amour et oublier tout ce qui s'était passé entre nous.

 

Je ne pouvais plus continuer à entendre ces mots, alors je t'ai tuée. Ton mari, qui était dans le salon, croyant que je n'étais qu'un ami qui voulait vous rendre visite (comme notre mensonge était grand et bien tissé !) est arrivé dans la cuisine, ayant entendu tes cris, et a vu ton corps inerte sur le sol. On s'est battu lui et moi, et finalement, il a réussi à attraper le couteau et me la planter aussi en plein cœur.

 

Je n'oublierais jamais ce jour. Le jour où tu m'as dit que tu ne m'aimais plus, où tu m'as demandé de ne plus venir te voir quand ton mari n'était pas chez toi.

 

Je me souviens de chacun de tes mots, de l'expression colérique qui se lisait sur ton visage, qui avait pourtant toujours été égayé par la beauté de ton sourire et de tes yeux éclatants de joies et d'amours pour moi.

 

Tu es la première à m'avoir blessé. Je n'ai fait que me venger.

 

Mais sache que je t'aimerais toujours, même si les démons me susurrent à l'oreille en me convainquant de te détester.

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