La victime est le bourreau ; le bourreau est la victime

Sandra Laguilliez

La victime est le bourreau : Le bourreau est la victime

C’est vers 22h30, hier soir, que Julie Morteaul, âgée de 23 ans, mariée depuis presque 5 ans, à Monsieur Gorge Morteaul, de quinze ans son aîné, s’est présentée aux urgences du CHU Ouest, le visage et le corps en sang, vêtue simplement d’un déshabillé de mousseline rouge.  Elle portait sur le corps et le visage des ecchymoses, récentes et anciennes, des cicatrices, ainsi que de nombreuses plaies. D’après les personnes présentes dans la salle d’attente de l’hôpital au moment de l’arrivée de la victime, Julie Morteaul marchait pieds nus, boitant et saignant abondamment. Tout de suite après avoir franchi la porte coulissante et avant que les urgentistes n’arrivent à sa hauteur, la jeune femme serait tombée dans le coma. « C’est inadmissible que personne n’est vu cette femme avant ! »S’indigne Marie Louise Vauclair, témoin de la scène.

D’après les premiers examens médicaux de Madame Morteaul, celle-ci aurait des ecchymoses sur le ventre, la poitrine, les jambes, les bras et le visage, ainsi que des coupures superficielles mais nombreuses sur les bras, la poitrine, le ventre, le dos et les fesses, ainsi que des écorchures au visage, aux mains et aux pieds. Elle aurait également été battue, son nez serait cassé, sa mâchoire fracturé, son bras et son poignet gauche seraient en miette, six de ses côtes auraient été cassé, perforant l’un de ses poumons, et sa cheville droite serait cassée à plusieurs endroit, deux de ses doigts seraient disloqués et elle aurait subit des sévices sexuelles.

Une habituée des urgences

Qu’est-il arrivé à cette jeune femme pour se retrouver dans un état pareil ? Et comment a-t-elle pu arriver à pieds jusqu’à l’hôpital ? D’après nos informations, elle n’habiterait qu’à deux cents mètres de l’hôpital. Comme l’on s’en doute son état est jugé critique par les médecins, elle aurait passé la grande partie de la nuit au bloc opératoire et serait pour le moment dans le coma. « Madame Morteaul est une grande habituée des chutes dans l’escaliers et des portes de placards ouvertes. » Ironise le médecin chef des urgences qui a pu voir cette jeune femme six fois au cours du mois précédent. « Nous avons fait ce que nous avons pu pour la convaincre de quitter son mari, de porter plainte ou tout simplement en parler avec des spécialistes, mais elle refusait, affirmant aimer son mari, et qu’il n’était pas dangereux. Un jour, alors qu’elle avait l’arcade sourcilière ouverte, elle jura qu’elle s’était donné un coup de poing en lassant ses chaussures…Sauf qu’elle ne portait pas de chaussures à lacets. Son mari la battait, l’humilié, la torturé, parfois elle était si maigre qu’on avait dû mal à la reconnaitre, il la violait en plus du reste, mais elle l’aimait, c’est fréquent chez les femmes victimes d’abus de ce genre, nous ne pouvons rien faire contre ça. Vous savez ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais il est illégal de forcer une femme à quitter son mari, c’est la loi. » Raconte la psychologue des urgences.

Tout de suite après l’arrivée de Madame Morteaul l’hopital a contacté la police, qui a envoyé immédiatement une voiture au domicile de la victime. Quel ne fut pas leur surprise de découvrir, la maison ouverte, les lumières allumaient et l’intérieur ressemblant à un champ de batail. « Dans le salon et la cuisine, tout était sans dessus dessous, les meubles étaient renversé, le mobilier cassé, du sang partout sur les murs et le sol. » Affirma l’un des premiers policiers présent sur les lieux du drame.

Où est donc le mari ?

Au beau milieu de la cuisine, quelle ne fut pas la surprise des policiers de découvrir Monsieur Gorge Morteaul baignant dans son propre sang, un couteau de cuisine planté en plein cœur. « Il était déjà mort lorsque nous sommes arrivés sur les lieux. Affirme l’inspecteur chargé de l’enquête. D’après l’enquête préliminaire, Monsieur Morteaul aurait abusé de sa femme plusieurs fois dans la fois, il l’aurait également battue, à plusieurs reprises, et vers vingt deux heures, après l’avoir forcé à porter le déshabillé qu’elle refusait de mettre, il l’aurait violé une nouvelle fois, avant de prendre un couteau pour la torturer, elle aurait réussit malgré ses nombreuses blessures à le désarmer et lui aurait planté l’arme en plein cœur, avant de se diriger tant bien que mal jusqu’à l’hôpital. »

Le meurtre

D’après Maitre Roger Albertini « Il est peu probable que Julie de Morteaul soit inculpée de meurtre sur la personne de son mari, en effet selon le passé de la jeune femme, et la situation dans laquelle elle se trouvait il est raisonnable de penser qu’elle n’a fait que se défendre, aucune personne saine d’esprit ne pourrait lui en vouloir d’avoir sauvé sa vie. Espérons simplement que cette pauvre femme puisse s’en sortir. »

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