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la vie en vert
Anne Bert
Ça fait des mois que vous m’obsédez, si souvent vous croiser dans ces quelques mètres carrés m’enchante. Le vert a envahi ma vie à la seconde où je vous vis, là, dans l’ascenseur du métro Abbesses, à vingt centimètres de mes escarpins. A croquer vous êtes. Pimpantes, l’œillet guilleret, le lacet frétillant, la semelle ferme. Je vous fixe comme une malade et tente d’ignorer le regard de votre propriétaire. Le Regard Noir, chères tennis vertes, ce Regard qui vous a choisies et vous cherche sous le lit tous les matins, me fait rougir jusqu’à la racine des cheveux.