La vita E bella.

Nathan Noirh

La vie est belle. Et elle ne sera jamais assez belle pour toi. A d'autres cela leur convient, mais pas toi, pas ta faim. Tu es affamée. Assoiffée. C'est terrible cette insatisfaction. Elle est belle ton insatisfaction.


La vie est belle pour toi. Elle ne le sera pas assez pour tous les autres, car ils n'ont pas ta vie, ta beauté. Tes bêtises. Tes attitudes qui dérangent et tes pensées qui pestent.


La vie est belle pour toi quand tu ne penses pas. À quoi bon penser, pour quoi partir pour qui respirer, quand tu peux ressentir. Pourquoi mentir, à qui mentir ?


La vie est belle pour toi quand tu ne penses pas à moi. Les songes et les pensées, les dires et les paroles, la vue et le toucher. Pourquoi penser à moi quand je suis juste à porter de main, tes griffes et tes ardeurs.


La vie est belle pour toi quand tu ne penses pas à moi en train de t'écrire. Tu sais que je noircis les pages, que je vide les encriers du monde pour griffonner et raturer sans fin l'abîme pâle, la rime verte, ta pupille froide.


La vie est belle pour toi quand tu ne penses pas à moi en train de t'écrire, sans jamais me lire. Je n'écris plus pour t'atteindre, pour éventrer le souffre du futur, quand tu es à la lecture de mes mots rouges. Ta pupille, sur ma lettre. Et quand le point aura eu raison de ton dernier battement, la page blanche pour toujours. Je n'ai plus besoin de t'écrire. Puisque tu n'auras plus besoin de me lire. Tu te contentais, tu contenais de mes approches. Un homme content plais selon toi à la lecture des voyelles. Une femme contemplais selon moi la rature et l'imperfection. Toutes nos ratures et toutes nos éclaboussures.


La vita E bella.


C'était cette nuit sur la montagne, les yeux dans rien, l'infini rien, ta voix pour couverture et ton odeur pour oreiller. C'était toi la mélodie, la beauté de ce moment. 

Sans toi le monde se lève à l'aube. Aux aurores et aux premiers rayons, sans ta chaleur pour les draps, tes cheveux pour l'oreiller et ta gueule pour fermer mes lèvres.

Sans toi le monde se couche toujours, on ne dormira jamais avec toi, et d'ailleurs on ne le voudrai pas. On ne le voudra jamais avec tes manières, avec tes gestes et tes conneries. Dans notre lit la bataille fait rage et les victimes pourraient bien être nos coeur et nos âmes.

"Je voulais chasser tout ce qui dénaturait la vie, pour ne pas, au soir de la vieillesse, découvrir que je n'avais pas vécu."

Sans toi je ne suis que moi, et c'est tant pis pour les autres parce que personne ne veut ressembler à soi-même, personne ne veut du reflet et de l'ombre, le miroir qui ne montre que soi-même. Avec toi, c'est mieux. C'est plus beau. 


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