La "win attitude"
axelbolu
Avez-vous remarqué comme les producteurs de films et séries américaines affectionnent tout particulièrement certaines séquences redondantes ? J’en veux pour preuve, par exemple, cette façon de faire débarquer un personnage (en général le héros) dans un lieu en pleine effervescence (en général les bureaux d’une entreprise ou une scène de crime en pleine rue), en marchant rapidement, superbement apprêté, un café de chez Starbucks à la main, déterminé, bien réveillé dès le matin.
En général, sans jamais s’arrêter de marcher, un assistant (ou n’importe quel sous-fifre soumis et discipliné arrivé bien avant lui aux aurores) le rejoint dans sa course folle pour lui faire un point de la situation, une pile de dossiers dans les bras ou des gants sur les mains dans le cas d’un homicide. L’assistant lui explique son programme de la matinée, lui dévoile avec passion ce qui l’attend en salle de réunion ou lui commente les conditions du meurtre et l’état du cadavre encore chaud. Peut-être même qu’on lui apporte un café de chez Starbucks (toujours) s’il n’en avait pas déjà un dans les mains.
En général le héros prend un air très sérieux et ne salue ni ne remercie personne : concentré sur son affaire. C’est aussi un signe de domination évident. Parfois c’est l’inverse, il adopte un sourire de circonstance, adepte de la philosophie Zen en toutes circonstances, adresse un mot gentil à chaque foutu inconnu de son équipe, jusqu’au plus sombre stagiaire agrippé à la photocopieuse. Tout est sous contrôle !
Dans tous les cas, notre héros dégage une impression de confiance, d’expertise, de domination. C’est un leader, un vrai. L’homme (ou la femme) de la situation en somme. Un “winner” quoi ! Depuis notre plus tendre enfance l’industrie cinématographique américaine, puis le monde entier profondément incrusté dans ses traces, n’a eu de cesse de nous imposer ce cliché de la réussite personnelle. Et on aspire tous un jour, à traverser un couloir de bureau en conquérant ou passer nonchalamment sous la bande jaune et noire “crime scene” en exhibant fièrement son badge de flic. Mais nous on aura un petit gobelet en plastique marron de café Nescafé dans la main (brûlant, un expresso bien corsé) parce qu’on est français bordel !
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Et le texte en lui-même pas terrible non plus. Ca tient plus du petit coup de gueule instinctif que de la chronique vraiment inspirée. Autocritique quand tu nous tiens...
· Il y a presque 12 ans ·axelbolu
En relisant ce texte je trouve ma chute vraiment pourrie :)
· Il y a presque 12 ans ·axelbolu
Bien vu et bien dit en effet, mais c'est pareil pour les flingues... Et l'on fait mine de s'étonner que les gens se percent dans la réalité...
· Il y a presque 12 ans ·Mathieu Cesa
Mouais, en le relisant je trouve ça un peu simpliste mais bon c'était ma pensée du moment et j'avais envie de la poser ;-) Merci pour le ptit mot en tout cas.
· Il y a environ 13 ans ·axelbolu
Bien vu! et bien écrit;)
· Il y a environ 13 ans ·Elsa Saint Hilaire