L´abîme
strigidae
Je l´ai guetté tout à l´heure.
Que faire quand ce gouffre vous aspire,
Se complaire dans le malheur
Ou se noyer dans le rire?
Bohèmes ont été ces derniers instants,
Apaisés par une présence rassurante,
Bercés par une douceur insouciante
Qui mériterait de figer le temps.
Hélas ce temps passe,
Sans nous consulter.
Et contre cette mélasse,
Je me vois lutter.
A mes oreilles quelques notes,
Une cigarette à la main.
De ces armes je me dote,
Pour ce combat quotidien.
Une envie de pleurer,
Pour la chaleur des larmes.
Un désir d´effleurer
De loin ce vacarme.
A travers cette détresse,
Je touche la délicatesse
De ce sentiment intense
Que rien a de sens.
Tâchons de ne pas nous abîmer,
Le papier froissé n´a plus d´utilité
Outre celle de créer des ombres
Que seul la lumière effondre.
Si j´ai eu froid cette nuit,
C´est pour mieux brûler
Du bois mort aujourd'hui
Et m´en délecter.
A défaut d´être ivre
De mes souffrances,
L´odeur de soufre m´enivre
De sa douce fragrance...