l'absence

Sylvie Palados

La rumeur semblait vraie. Il était de retour !!

Depuis combien de temps déjà était-il absent ? Peut-être dix ans voire plus... je ne sais pas, je ne sais plus ! Qu'importe, il revenait c'était tout ce qui m'importait. Enfin, tout irait mieux, enfin, nous reformerions une famille, une vraie famille.

Maman s'était épuisée à la tâche pour moi. Je ne manquais de rien mais elle avait tout sacrifié pour ça ! Je le savais, même si je ne voulais pas l'admettre, qu'est-ce qu'on pouvait être bête à l'adolescence...

Elle avait mis sa plus belle robe, elle avait grossi certes durant ces années, mais elle avait encore beaucoup de charme et sa gentillesse avait fait le reste, tout le monde l'appréciait. Il était temps de partir pour la salle des fêtes. Tout le village sera présent, un enfant du pays qui a réussi comme lui, qui a son nom sur les publicités... ça se respecte !

On nous souriait, on nous congratulait, des mots gentils pour moi, des encouragements : « allez, va ! » je me sentais bête, une bête de foire ! J'entrais, je le vis devant moi, je tremblais sur mes jambes ; je ne pouvais plus avancer, j'étais tétanisée !

Maman me suivit de prêt. Elle me poussa et nous nous embrassâmes presque timidement tous les trois, gauchement, presque gênés de ses retrouvailles en public.

Je vivais dans un brouillard, je ne sentais plus rien, ne voyais plus rien ! Tout était flou. On me mis sur une chaise comme un pantin. Je restais ainsi avec un sourire niais sans bouger.

Puis le brouillard se dissipa, je me levais...

La nuit avait été brumeuse, j'étais en nage. Encore un mauvais cauchemars, encore ce retour improbable de mon père. Assise au bord de mon lit je pleurais sans m'en rendre compte. Il avait réussi sa vie, il l'avait même refaite, mais sans nous !

Je cherchais toujours la réponse à cette question qui me taraudait :

Qu'est-ce qui est le plus dur, de perdre son père ou de ne pas pouvoir l'atteindre !!!

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