L'absence

mangouste

Le soir étend son ombre sur la terre endormie. Le ciel s’embrase des ultimes lueurs du jour. Tout se tait. Seul vestige de la journée, subsiste l’éternel bruit des vagues se fracassant contre les rochers. Leur clameur remplit l’espace et résonne comme les coups sourds du glas.

L’océan réclame son dû. Chacun de ses éclats appelle à lui ses futures victimes et cela dure depuis toute éternité. Il est fascinant, toujours en mouvement, infinie force brute, née en même temps que le temps lui-même. L’océan change aussi souvent d’humeur que de couleur. Il ne fléchit et ne s’en va que pour mieux revenir au combat qui l’oppose à cette terre qui ose encore lui résister et qu’il grignote inexorablement.

Les ténèbres sont maintenant tombées. La symphonie du heurt des titans persiste, soulignée par la phosphorescence irréelle de l’écume qui semble se nourrir de la pâle lumière d’une lune moribonde. Le vent a forci avec la nuit. La pluie qui s’est faite attendre toute la journée commence à tomber finement, ou peut-être tombe-t-elle depuis toujours. Il ne le sait plus. Cela fait si longtemps qu’il est là assis sur ce bout de falaise et qu’il attend en bravant le vent.

Deux goélands passent, emportés par les rafales, ne laissant d’eux qu’un cri rauque et moqueur. Il frissonne de cette eau froide qui lui dégouline sur le visage et dans le cou. Il fixe l’obscurité de son œil unique, attentif au moindre signe. Il est le guetteur. Malgré le froid, la pluie, la solitude ; il doit rester fidèle à la place qui lui a été confiée.

Retrouvez la suite de ce texte dans Paternitage, un recueil (papier et numérique) publié aux éditions Edilivre :  http://www.edilivre.com/paternitage-eclats-de-paternite-1c33ec1789.html

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