l'aède
marie--jeanne
chez Homère, Ulysse parle en ces termes du chant et de la poésie : « Il n’est homme ici-bas qui ne doive aux aèdes l’estime et le respect ; car n’apprennent – ils pas de la Muse leurs pièces ? » (Odyssée, VIII, v.479 – 481).
L’aède
Par les iles et les cités,
Dans les fêtes et les palais,
Il allait.
Gloire des dieux, des héros, il psalmodiait,
Sa lyre chantait.
Iambes légers,
Graves spondées,
Respiration scandée,
L’aède se désaltérait
D’humus et d’azur.
A la pointe du ciel et de sa démesure,
Le soleil découpait à cru
Le cristal d’un silence absolu.
Inspir, expir, apnée, communion.
Parole en germination.
L’aède est là dans cet instant,
Conscient d’être, simplement.
Au-dessus de lui, exactement,
Un puissant rayon s’est détaché,
A touché sa tête au sommet.
Le poète l’a reçu,
Ardemment l’a aspiré,
Soif et son écho de fontaine confondus.
Une brillance dorée
A revêtu son corps entièrement,
Au-dedans.
La transparence irisée
L’a traversé,
Au plus profond de la glèbe a cheminé,
S’y est sustentée.
L’aède est respiré,
Boule de lumière
Suspendue à un fil de clarté,
Déployé entre le zénith et la terre.
Puis, coruscante, revigorée,
A l’astre – source, la lueur est retournée.
Sur le souffle du poète déposée,
La parole est délivrée.
Partage, offrande, unicité.
Marie jeanne 10 mars 2013